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Comment le braconnage change l'anatomie des éléphants
Au Mozambique, une grande proportion d'éléphants femelles naît sans défenses.
La population d'éléphants est en fort déclin sur le continent africain. Un recensement inédit, le Great Elephant census, dévoilé début septembre, révèle que le nombre de pachydermes a chuté de 30% entre 2007 et 2014 en Afrique. En cause: les braconniers qui pourchassent les animaux pour leur ivoire, qui s'écoule à des prix toujours plus vertigineux sur le marché asiatique.
Pourtant, sous la menace de la chasse illégale, les éléphants sont capables de surprenantes évolutions de leur code génétique. Le site Nautilus explique ainsi qu'une étude menée par la scientifique Joyce Pool en coopération avec le Howard Hughes Medical Institute révèle que l'anatomie de populations de pachydermes installées en Mozambique a changé de manière très rapide lors de la guerre civile qui a ravagé le pays et au cours de laquelle le braconnage a explosé dans la région tuant 90% des grands mammifères.
En temps normal, seulement 2 à 6% des éléphants femelles naissent sans défenses. Une anomalie génétique qui ne concerne pas les mâles qui ont un besoin vital de leurs défenses pour les combats qui les opposent. Mais dans le parc de Gorongosa en Mozambique, la moitié des femelles qui étaient adultes lors de la guerre civile de 15 ans qui s'est achevée en 1992 n'avaient naturellement pas de défenses. L'autre moitié a tout simplement été tuée par les braconniers, note le site Nautilus. Aujourd'hui, alors que la pression du braconnage a diminué dans la région, un tiers des femelles naît toujours sans ivoire.
«La première fois que je suis venue ici en 2011, j'ai observé un groupe de 50 éléphants. La plupart n'avaient pas de défenses», explique la scientifique Joyce Pool dans un mini-documentaire.
D'autres populations d'éléphants, dans la réserve du Selous en Tanzanie ou en Ouganda, qui ont subi un braconnage intense, présentent les mêmes caractéristiques, selon Joyce Pool.