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Quand le Maroc et l'Algérie se disputent la paternité du raï
L'Algérie a déposé un dossier à l'Unesco pour faire inscrire le raï comme un patrimoine culturel algérien.
On le sait, le Maroc et l'Algérie sont comme deux voisins qui parfois s'apprécient, mais peuvent aussi se chamailler pour un rien, un détail qui n'a pas vraiment d'importance dans la vie de tous les jours. C'est parfois le football qui est objet de cette discorde fraternelle, en raison d'un match disputé entre les deux équipes, où une petite phrase d'un homme politique.
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Mais cette fois, c'est un sujet bien différent qui a échauffé la rivalité entre Rabat et Alger. Comme le rapporte le site Quartz, l'Unesco a reçu une candidature de l'Algérie qui milite pour l'intégration du raï dans la liste mondiale du patrimoine culturelle immatériel des Nations unies, en qualifiant ce genre musical de «folk algérien».
«Cette démarche est une volonté de classer ce genre musical, le raï, et ses textes de poésie tels qu’ils avaient existé au début du siècle dernier comme "forme d’expression musicale et poétique féminine"», a expliqué Abdelkader Bendameche, président du Conseil des arts et des lettres, au site algérien TSA.
Cheb Khaled a choisi les deux
Mais de l'autre côté de la frontière, cette candidature est vue comme une tentative d'appropriation du raï. Selon les historiens du genre, ce genre musical est bien né dans le nord-est de l'Algérie actuel, dans la région de l'Oranie. Mais, «le Maroc pourrait également revendiquer son origine car longtemps avant que les Français ne colonisent de manière brutale les deux pays, le territoire du Maroc s'étendait plus loin à l'est dans ce qui est aujourd'hui le nord-est de l'Algérie. Pour certains, les Bédouins arabes ont commencé à chanter cette musique traditionnelle quelque part dans les déserts arides entre les deux pays», explique le site Quartz.
Symbole de cette «dispute», la star du raï, l'artiste Cheb Khaled, est né à Oran en Algérie. Mais en 2013, le roi du Maroc Mohammed VI lui décernait la nationalité marocaine. Une naturalisation qui avait déclenché de très vives critiques en Algérie. Tout un symbole.