mis à jour le
Moncef Marzouki, président de la République tunisienne
Mise à jour du 12 décembre: Moncef Marzouki a été élu président de la République tunisienne par l'Assemblée constituante.Ce dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), a été élu par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants sur les 217 membres de la constituante.
***
En Tunisie, le résultat des négociations entre les trois partis politiques arrivés en tête du vote pour l'Assemblée constituante monopolise l'attention de la population. L'enjeu de ces ententes cruciales dans le processus de démocratisation entamé par le pays réside dans la répartition des responsables politiques provenant des trois mouvements, aux postes respectifs de président de l'Assemblée, Premier ministre et enfin, la nomination du nouveau Président de la République tunisienne.
Jusqu'ici, le nom de l'ex-Premier ministre tunisien du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi, circulait dans la presse et dans les réseaux des partis pour accéder à ce dernier poste hautement symbolique. En effet, le prochain président tunisien, nommé par les partis élus, profitera d'une légitimité le distinguant par conséquent du gouvernement composé en urgence après la révolution de janvier 2011 et toujours considéré comme transitoire.
Dans ce même temps, le leader charismatique du Congrès pour la République (CPR), opposant de longue date au régime de Zine el-Abidine Ben Ali et fervent défenseur des droits de l'homme en Tunisie, Moncef Marzouki, était quant à lui pressenti pour présider l'Assemblée Constituante et ainsi superviser l'écriture d'une nouvelle constitution.
Pourtant, ces premières rumeurs émanants de déclarations des principaux responsables politiques et approuvées par Ennahdha, le parti islamiste arrivé en tête des votes, semblent avoir évolué au fil des négociations. Selon le site de la radio tunisienne Kalima Tunisie qui s'appuie sur des «sources bien informées», un accord aurait été trouvé pour désigner le leader du CPR, Moncef Marzouki, au poste de président de la République. Ce dernier deviendrait ainsi le quatrième président tunisien après Habib Bourguiba, le dictateur déchu Ben Ali et l'actuel président par intérim, Fouad Mebazza.
Par ailleurs, le président du parti centriste Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar, serait quant à lui pressenti pour la présidence de l'Assemblée constituante, poste initialement promis au président du CPR, et dont la première séance est prévue pour le 22 novembre. Ce revirement qui a fait l'objet de désaccords entre les deux leaders politiques, semblent avoir trouvé une issue consensuelle.
Un discours d'Ennahda au centre de la polémique
Seul le poste de Premier ministre n'a pas fait l'objet d'évolution dans les ententes politiques et resterait donc attribué à Hamadi Jebali, l'actuel Secrétaire général du parti Ennhada.
Il reste que ce dernier, dans son discours donné au théâtre plein air de Sousse, le dimanche 13 novembre, dont l'une des invitées n'était autre que Houda Naïm, membre du mouvement islamique palestinien «Hamas», a déclenché la polémique en évoquant «un moment divin (Ndlr, en voyant les drapeaux de la Tunisie et de Ennahdha flotter côte à côte), dans un nouvel Etat et dans un 6e califat» en Tunisie.
Le califat désigne le premier système gouvernemental établi dans l’islam. Représentant l’unité politique de l’ensemble de la Oummah (communauté) musulmane, le calife est un monarque choisi parmi les imams les plus pieux de la société.
Devant l'ampleur des réactions négatives qu'il a suscité, Hamadi Jebali a tenu à s'expliquer sur ses intentions. Des propos rapportés par le journal en ligne Globalnet:
«en évoquant le 6ème califat, j’entendais l’inspiration des valeurs de notre patrimoine politique et de la civilisation de la société tunisienne à laquelle nous appartenons, et dont nous sommes fiers, et qui est imprégnée des principes de justice, de sincérité, de liberté et de loyauté».
L'éventuelle nomination de Moncef ben Mohamed Bedoui-Marzouki de son nom complet, à la présidence de la République tunisienne, devrait satisfaire les Tunisiens majoritairement opposés à voir Béji Caïd Essebsi, 8e président de la Chambre des députés sous Ben Ali, ou tout autre acteur politique de l'ancien régime au poste de président.
Le «Docteur» Marzouki (Ndlr, un surnom dû à son titre de médecin tunisien), qui a débuté son engagement en faveur de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) en 1980, élu président de cette même ligue en 1989 et rentré de son exil en France après la révolution tunisienne, représente aux yeux de la population, l'un des opposants les plus farouches au régime de Ben Ali et le meilleur garant des libertés et des acquis sociaux des Tunisiens.
Lu sur Radio Kalima Tunisie, Globalnet, Business News
A lire aussi
Moncef Marzouki de la rupture à la compromission?
La Tunisie à la recherche d'une politique commune
Ennahdha n'a pas le droit à l'erreur
Constituante tunisienne: comment ça marche?
Les Tunisiennes prêtes à défendre leurs droits
Comment chasser le fantôme de Ben Ali?