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PHOTOS. Sur les plages maghrébines, le burkini côtoie le bikini
Au Maroc, en Tunisie et en Algérie, les vacanciers se baignent sans se préoccuper de la polémique vestimentaire qui enflamme la France.
Le thermomètre indique entre 25°C et 30°C dans les villes côtières du Maghreb en cette fin de mois d'août. Une chaleur pas accablante, mais suffisamment agréable pour que les vacanciers et les habitants aient envie de piquer une tête. Loin des polémiques qui secouent la France de l'autre côté de la Méditerranée, les Algériennes, Marocaines et Tunisiennes se baignent sans complexe en maillot, en burkini, bikini, ou toutes habillées.
La plage privée de Marina Palm, à Alger, est réservée aux femmes et aux enfants. RYAD KRAMDI / AFP
En Algérie, aucune trace de policiers qui viennent vérifier si la tenue des femmes est appropriée. Même si les bikinis sont de plus en plus rares. «J'adore nager mais si je porte un maillot de bain normal, on me regarde comme une martienne», soupire Manel Brahimi, étudiante en biologie, interrogée par l'AFP. Les tenues vont souvent du bermuda au jogging, en passant par le legging, le short en jean et parfois même le T-shirt mouillé.
Pour avoir les pieds dans l'eau, certaines apportent même leur chaise (ici à Alger).
Les femmes portent rarement le burkini au Maroc (ici à Rabat). FADEL SENNA / AFP
Au Maroc, terre d'islam, le burkini a sa place. «Cet habit n’est pas un sujet portant à polémique, explique Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, à Jeune Afrique. Nous respectons les valeurs de l’islam modéré.» Seuls quelques établissements privés interdisent le port du burkini, officiellement pour des raisons d'hygiène. Mais malgré tout, la mode «pudique» a un prix: 500 dirhams (50 euros) qui n'est pas abordable pour toutes les baigneuses.
Des jeunes s'amusent dans l'eau à Rabat. FADEL SENNA / AFP
La grande plage d'El Kala, en Algérie. Flickr
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Partie de football à 6h du matin sur une plage de Tunis en 2015. Loïc Pénet / Flickr
Les Tunisiens, et les Tunisiennes, se sont réappropriés leurs plages. Avec la menace terroriste, beaucoup de touristes ont déserté les côtes de Sousse et Bizerte, exception faite des Russes. Pourtant, le pays est lui aussi frappé par la question du burkini. Mais pas à la plage: c'est dans certains hôtels que des clientes en burkini se sont fait refuser l'accès à la piscine. Une interdiction qui n'a rien de politique, selon le Huffington Post Maghreb. Le secrétaire général de la fédération tunisienne des hôtels, Wajdi Skhiri, a simplement expliqué sur Mozaïque FM, qu'un trop grand nombre de femmes en burkini influerait sur l'équilibre sanitaire et biologique de la piscine, en baissant le taux de chlore.
Plage de Kelibia (Tunisie) en 2014. Citizen59 / Flickr
Plage de Casablanca, Maroc. Emily IRVING-SWIFT / AFP
La tendance est certes à la pudeur, surtout en Algérie. mais cela va plus loin: les femmes retrouvent le chemin de la plage, après avoir longtemps évité de s'y rendre, selon la sociologue Fatima Oussedik, professeur à l'université d'Alger. «Ce qu’on observe sur les plages algériennes, c’est un lent mouvement de réintroduction du corps féminin dans l’espace public, un mouvement qu’il ne faut pas brusquer», explique-t-elle à Algérie Focus. Surtout si les autorités décidaient de s'en mêler.