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La mode, outil du renouveau de Johannesburg

Dans le monde de la mode, tout est question d’innovation et d’avant-garde. Lors de la dernière Semaine de la mode de Johannesburg, le créateur sud-africain David Tlale a eu l’idée originale d’organiser son défilé sur le pont Nelson Mandela, en plein centre-ville.

Un défilé en hommage à l’ancien président sud-africain puisque David Tlale avait convié 92 mannequins —une pour chaque année vécue par Nelson Mandela. Une performance folklorique et spectaculaire à laquelle plus de 1.000 invités triés sur le volet ont assisté, malgré plus de deux heures d’attente.

L'Afrique du Sud compte chaque année cinq «Semaines de la mode». Mais pour la première fois, la Fashion Week de Johannesburg a eu lieu dans le centre-ville, réputé pour sa criminalité et son déclin, plutôt que dans l'habituel quartier chic de Sandton.

David Tlale a intitulé son défilé «Made in the City», s’inspirant des gens qui peuplent ce centre-ville qui effraie tant. «Nous voulions montrer la beauté de la ville. La perception de Johannesburg a besoin de changer», explique-t-il.

Le choix est fort et sert la lente mais constante revitalisation d'une zone qui a glissé vers le crime et la négligence à la fin de l'apartheid, quand les blancs et les entreprises ont fui vers la banlieue. Vidé, le centre-ville est devenu tristement célèbre pour ses sordides histoires de viols, de meurtres, de vols de voitures, ou encore pour le phénomène de «détournement» de bâtiments —combine par laquelle les criminels prennent le contrôle d’immeubles pour ensuite percevoir illégalement le loyer des squatters. Une ville «maudite», la ville du vice et de l’argent, pour beaucoup de Sud-Africains.

Aujourd’hui, les changements sont bien visibles et certains quartiers du centre-ville deviennent de véritables zones commerciales et artistiques.

Pour le président de l’Office du tourisme de la ville, Lindiwe Kwele:

«Le centre-ville est de plus en plus dynamique. Il est temps que les gens redécouvrent "Joburg". Tant de gens n'ont pas pris le temps de revenir en ville».

La dernière Coupe du monde de football a également donné une image positive du centre-ville, notamment du quartier de Newtown où les supporters des équipes nationales ont été accueillis.

Tlale a d’ailleurs récemment déménagé son atelier de la banlieue de Parkhurst à Braamfontein, une zone en plein essor dans le centre-ville, et qui attire les concepteurs, les artistes et les galeries d'art. «C'était le bon moment pour nous de se déplacer, car la ville est en pleine renaissance. C'est vraiment excitant d'être ici en ce moment», explique le créateur.

Lu sur Times Live