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L'ANC a déjà perdu la bataille politique en Afrique du Sud
Le résultat final des élections municipales en Afrique du Sud n'est pas encore connu, mais le parti au pouvoir depuis 1994 recule encore dans les urnes.
Installé depuis le début de l'ère post-apartheid au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC) paie le prix de sa domination sans partage depuis plus de deux décennies sur la scène politique sud-africaine. Chacune de ses victoires est analysée à la loupe, et un score relativement en deçà de ses résultats habituels transforme le succès en défaite.
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Depuis dix ans, le parti dirigé par l'icône Nelson Mandela à la fin des années 1990 est engagé sur un lent mais régulier déclin dans tous les scrutins organisés sur le sol sud-africain. Lors des élections municipales de 2006, l'ANC rassemblait 66% des suffrages, contre probablement moins de 60% lors de l'élection municipale de ce 3 août 2016.
Le correspondant de l'AFP sur place, Pierre Donadieu, a tweeté les premiers résultats partiels qui donnent le parti d'opposition l'Alliance démocratique (DA) en tête dans plusieurs grandes métropoles comme Johannesburg, Durban ou Pretoria, la capitale. Une première depuis 1994, même si la ville du Cap était déjà dirigée par l'opposition depuis plusieurs années.
Au niveau national, 2/3 des bulletins ont été dépouillés.
— Pierre Donadieu (@DonadieuP) 4 août 2016
ANC = 53,5% (- 8 points par rapport à 2011), DA 27,5 % (+3,5), EFF 7,5% (+7,5)
A Johannesburg (plus grande ville du pays). un tiers des bulletins dépouillés.
— Pierre Donadieu (@DonadieuP) 4 août 2016
DA 43,5% (+9,5), ANC 41% (-17,5), EFF 10% (+10)
Enfin au Cap, où la DA gouverne déjà. 2/3 des bulletins dépouillés.
— Pierre Donadieu (@DonadieuP) 4 août 2016
DA 70% (+10), ANC 21% (-12), EFF 3% (+3)
La tendance est la même lors des élections générales d'Afrique du Sud qui désignent le chef d'Etat et la composition de l'Assemblée nationale. De 69,69% des votes en 2004, l'ANC est tombée à 62,15% en 2014.
En cause, les affaires de corruption et de clientélisme qui minent le parti au pouvoir et le manque d'avancées sociales, alors que les inégalités restent criantes dans la société sud-africaine entre les populations coincées dans les townships, les blancs et la nouvelle classe riche noire.
La barre des 30%
L'analyse des scores de l'ANC et du premier parti d'opposition depuis 1994, le National party cette année-là – dirigé par le président de l'époque, Frederik de Klerk, et parti au pouvoir lors de l'apartheid –, puis l'Alliance démocratique ensuite, montre que l'ANC a connu un âge d'or jusqu'au milieu des années 2000, avant de voir son électorat s'effriter progressivement ensuite, même si sa marge sur ses adversaires reste très confortable. Cas particulier, le score relativement haut du National party en 1994 s'explique par la division du pays à la fin de l'apartheid et par la peur d'une partie du pays – dont les blancs et les métis – à confier le pouvoir à un homme noir, Nelson Mandela.
L'Alliance démocratique, parti centriste et aujourd'hui beaucoup plus multiracial qu'il y a quelques années avec pour la première fois un noir à sa tête, peut croire en son étoile à moyen terme. Pour la première fois, il approchera la barre de 30% des votes lors des élections municipales d'août 2016, et l'ANC devrait poursuivre son recul dans les prochaines années. Même si au sein du parti, l'optimisme est encore de mise, comme l'affiche le ministre des Sports sur son compte Twitter.
Anc will retain all the metros. .Victory is certain! Nazoooooooooooooooooooooo
— RSA Min of Sport (@MbalulaFikile) 4 août 2016