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Non, une athlète ivoiro-italienne n'est pas disqualifiée des JO car «trop blanche»
Le Comité national olympique ivoirien a annoncé un vice de procédure dans la naturalisation de la tireuse à l'arc Carla Frangilli.
C'est une polémique dont se serait bien passée la Côte d'Ivoire avant les Jeux olympiques de Rio. L'athlète Carla Frangili, médaille d'or en tir à l'arc lors des derniers championnats d'Afrique de la discipline en janvier 2016, a été disqualifiée des JO. C'est le Comité national olympique de Côte d'Ivoire qui en a fait l'annonce le 26 juillet. Carla Frangili était pourtant automatiquement qualifiée depuis son titre continental dans la discipline.
Elle a fait part de sa tristesse sur sa page Facebook, en anglais et en italien.
«Les derniers jours étaient très difficiles, impossibles. C'était une attente absurde. Je ne l'attendais pas. Je ne le méritais pas. Hier, j'ai eu la confirmation. Je ne serai pas aux Jeux olympiques 2016 à Rio», écrit-elle notamment.
Très vite, les critiques se sont multipliées, notamment sur les réseaux sociaux où de nombreux internautes ont pointé, sans plus d'informations, une forme de racisme de la part du Comité olympique ivoirien.
Le Ministre ivoirien des sports aurait interdit à une athlète de participer aux JO car "trop blanche" pour être ivoirienne
— Kevino (@KEVINOLESTAT) 3 août 2016
Empêcher une athlète de participer aux #JO2016 parce qu'elle est "trop blanche" pour être ivoirienne ! Non mais quelle honte ! #kpakpatoya
— Mariam Diaby (@macmady) 3 août 2016
Des propos «trop blanche» qui n'ont pas été prononcés par le ministre ivoirien des Sports, mais qui ont en revanche été écrits par Sergé Bilé, journaliste et écrivain franco-ivoirien, sur sa page Facebook.
«Pour celles et ceux qui l'ignorent Carla Frangilli est une athlète ivoirienne d'origine italienne. C'est la championne d’Afrique en titre de tir à l’arc. En mai dernier, un site abidjanais avait évoqué son cas en dénonçant "certains esprits tordus" qui lui déniaient en Côte d'Ivoire même le droit de "se prévaloir de la nationalité ivoirienne, parce que tout simplement elle est... blanche"», dit-il sur le réseau social.
Un «vice de procédure»
Selon Abidjan.net, le ministre Sports et des Loisirs, Albert François Amichia a expliqué, mardi 2 août, que la championne d’Afrique de Tir à l’arc, Carla Frangilli a été disqualifiée des Jeux Olympiques de Rio, pour «vice de procédure» dans son dossier de naturalisation. Selon Albert François Amichia, l'athlète ivoiro-italienne est l'une des «personnes victimes de vice de procédure dans leur dossier de naturalisation en Italie».
«L’attention du Comité national olympique a été attirée par le Comité international olympique (CIO). La fédération de Tir à l’arc nous ayant saisis à cet effet, nous nous sommes alignés sur la position du CIO qui a jugé utile de retirer, par précaution, de la liste des athlètes ivoiriens, notre compatriote Carla pour ne pas pénaliser la Côte d’Ivoire», a t-il ajouté, sans préciser quel était le vice de procédure qui avait entraîné le problème.
Le père de l'athlète, Vittorio Frangilli, s'est confié sur la situation de sa fille au journal italien Gazzeta dello Sport et a apporté plus de précisions sur cette disqualification.
«Voilà comment s'effondrent cinq ans de rêve»
Il y dit notamment que sa «fille est victime d'un problème bureaucratique absurde», et pointe la volonté du président Alassane Ouattara de réviser les actes administratifs, dont ceux de naturalisation, décidés par son prédécesseur, Laurent Gbago. Le passeport ivoirien de Carla Frangilli était valable jusqu'en janvier 2017 selon Vittorio Frangilli, c'est pourquoi la famille a lancé une demande de renouvellement en juin de cette année, de manière très normale sans s'inquiéter d'un éventuel refus. Mais la demande a finalement été refusée par l'administration ivoirienne. «Voilà comment s'effondrent cinq ans de rêve», conclut le père de l'athlète.