mis à jour le

Faute d'argent, les athlètes nigérians ont failli ne pas pouvoir partir aux JO
La Fédération nigériane d'athlétisme a prévenu ses athlètes qu'ils devraient payer leur billet d'avion de leur poche. Mais la contestation sur Twitter lui a fait faire marche arrière.
Pour les athlètes nigérians, la participation aux Jeux olympiques 2016 à Rio de Janeiro avait tout du parcours du combattant. Dans un pays englué dans la crise économique, les entraînements et les stages sont gérés de manière chaotique. Mais ce n’est rien comparé à ce qui aurait pu leur arriver samedi: devoir payer de leur poche leur billet pour Rio.
C’est en tout cas ce qu’indiquait le mail incroyable de la Fédération d’athlétisme du Nigeria qu’ont reçu les athlètes le 22 juillet, leur expliquant qu’ils devaient trouver «des fonds par eux-mêmes», comme l’explique le Premium Times. Selon le ministère des Sports, la décision s’expliquait par les difficultés financières du gouvernement. Seye Ogunlewe, l'homme le plus rapide du Nigeria, n’a pas tardé à révéler le scandale sur Twitter, pour attirer l’attention sur ce nouveau coup dur qui tombait sur les sportifs du pays.
Just so everyone knows we all got that message saying we should get our own tickets to Rio! #helpnigerianathletes
— Seye Ogunlewe jnr (@seyeogunlewe) 22 juillet 2016
«Juste pour que tout le monde sache qu'on nous a informés qu'il fallait qu'on achète nous-mêmes nos tickets pour Rio!»
Juste après avoir reçu le mail, plusieurs athlètes comme la sprinteuse Regina George ont lancé des campagnes de crowdfunding afin de pouvoir acheter des billets d’avion. «Aidez-moi à participer aux Jeux olympiques», implore-t-elle dans un tweet qu’elle a posté vers 18h le vendredi. Un peu plus de deux heures plus tard, elle avait réuni 3.249 dollars, soit plus de 80% de son objectif.
«Une mauvaise gestion des priorités»
Sur Twitter, les Nigérians se sont déchaînés contre une «humiliation internationale» de la part du gouvernement, reprenant le hashtag #helpnigerianathletes. «Dans une année olympique, le ministre des Sports a dépensé 181 millions de nairas (530.000 euros) dans du mobilier, a dénoncé l’activiste Mukhtar Dan’Iyan. La mauvaise gestion des priorités est la marque de fabrique de l’administration du président Buhari.»
The Rio Olympics were announced over 4 years ago, PB's admin came into office over a year ago, absolutely NO excuse for funding desideratum.
— Mr. Aye Dee (@MrAyeDee) 22 juillet 2016
«Les Jeux Olympiques de Rio ont été annoncés il y a quatre ans, l'administration Buhari est arrivée au pouvoir l'an dernier, il n'y a absolument aucune excuse pour des revendications financières»
Heureusement pour les athlètes, le ministre des Sports Solomon Dalung a tenu à revenir sur le contenu du mail… en refusant même d’admettre qu’il l’avait envoyé. «Cela ne représente pas notre opinion sur le transport des athlètes», a-t-il précisé sur Facebook, ajoutant qu’il allait mener une enquête pour comprendre d’où venait le message. La Fédération a par la suite tenu à affirmer qu’elle couvrira tous les frais d'avion.
Ce n’est pas la première fois que les athlètes nigérians doivent faire face à de tels problèmes administratifs, comme le note Quartz. Par le passé, certains ont même dû changer de nationalité, comme le sprinteur Francis Obikwelu qui n’avait pas pu bénéficier d’une couverture médicale pour une blessure à Sydney en 2000. Quatre ans plus tard, il avait fini par rejoindre la délégation portugaise et remporter une médaille d’argent aux JO d’Athènes.
We'll now start vexing when we see Nigerians playing for another country. Who can blame them? #HelpNigerianAthletes
— Idris Elba (@DJBLAKITO) 23 juillet 2016