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Une ONG ougandaise parodie la Silicon Valley pour attirer les investisseurs
Dans sa vidéo de promotion, Communities for Developement vante les mérites de la «Bulambuli Valley», ses entrepreneurs et ses innovations «de pointe».
Dans l'est de l'Ouganda, on n'a pas de Silicon Valley, mais on a des idées. C'est le point de départ d'une vidéo de promotion parodique que l'ONG locale Communities for Development a publié début juillet. On y voit les habitants de la «Bulambuli Valley» expliquer leurs innovations révolutionnaires, qui feraient pâlir d'envie Apple et Google.
Attirer les investisseurs dans l'activité rurale
Admirez donc ce «miracle technologique» qu'est la Poule™: une imprimante 3D nouvelle génération, qui peut fabriquer un œuf en moins de 24 heures (compatible avec le Coq™). La vidéo nous présente aussi la Tomate™, qui fonctionne entièrement à l'énergie solaire, la prochaine «révolution alimentaire» imaginée par toute une équipe de designers de la Bulambuli Valley. La palme de l'ironie revient cependant à la magnifique Chaise™, dont on nous dit qu'elle permet de recharger ses batteries. «Asseyez-vous sur une Chaise quelques minutes, et toute votre énergie reviendra immédiatement», explique son designer autoproclamé.
La présentation de Bulambuli Valley emprunte tous les codes des start-up à la mode, y compris la musique enjouée et les phrases pseudo-philosophiques, comme: «Le design peut radicalement changer notre mode de vie.» Mais au-delà de la parodie, l'ONG cherche à montrer que l'agriculture ou le travail manuel ont aussi besoin du soutien des investisseurs, même à 15.075 kilomètres de la Silicon Valley. «Si nous pouvons convaincre 1% des gens qui ont soutenu la création de la dernière montre connectée, nous pouvons faire une vraie différence pour les Ougandais ruraux qui se lancent dans leur petite entreprise», explique Pilar Tejon, co-fondatrice de Communities for Development, sur la page du crowdfunding.
Quand les ONG se moquent du volontourisme
Ce n'est pas la première fois qu'on trouve une telle parodie des publicités pour des produits «révolutionnaires». On se souvient par exemple, de la vidéo espagnole de 2011 qui présentait un produit révolutionnaire, baptisé BOOK, entièrement biodégradable et qui ne nécessitait aucun branchement. L'idée était là encore de sensibiliser les internautes à lire des livres plutôt qu'à consommer des produits connectés à la mode. Mais aucune ONG africaine ne s'était attaquée de manière aussi directe à la Silicon Valley.
À lire sur Slate.fr: Dénoncer le fléau du «volontourisme» en Afrique avec des poupées Barbie
En réalité, c'est plutôt l'inverse, à savoir des ONG qui se moquent... des campagnes d'aide pour l'Afrique. Encore une fois, le phénomène du «volontourisme» est vivement critiqué dans ces vidéos. Dans Who wants to be a volunteer? de l'association étudiante SAIH Norway, par exemple, qui parodie le célèbre jeu Qui veut gagner des millions?, le personnage central, une jeune Blanche arrivée en Afrique, doit répondre à une question finale du jeu pour parvenir à «sauver l'Afrique». La chute est particulièrement grinçante...
Dans la même veine, SAIH avait publié une vidéo faussement documentaire, sur la vie de Michael, enfant-star des campagnes de donation pour l'Afrique. «À chaque fois que les réalisateurs du monde entier viennent en Afrique, c'est moi qu'ils appellent en premier», se vante l'enfant. Même s'il se plaint que «les stars me donnent toujours des cadeaux pourris», après une scène censée illustrer le partage. Dans une autre, l'association a choisi d'inverser les rôles. Se rendant compte du froid qui règne en Norvège, les célébrités africaines se cotisent pour leur envoyer... des radiateurs. Et comme dans chacune de leurs vidéos, SAIH Norway conclut: «les stéréotypes maltraitent la dignité, remettez en cause vos perceptions.»