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Crédit photo: Erik F. Brandsborg via Flickr. CC BY-SA
Crédit photo: Erik F. Brandsborg via Flickr. CC BY-SA

Chez les moustiques, le danger est dans la salive

Plus notre réaction à la piqûre est sévère et plus la possibilité de tomber malade est élevée.

De nouvelles recherches indiquent que nous pourrions mieux comprendre les maladies transmises par les moustiques en examinant de près leurs piqûres, cause de démangeaisons. Ces diptères ont un besoin vital de sang. Malheureusement, ce sang, c’est souvent de nous qu’il provient, certaines personnes étant plus piquées que d’autres. Pour autant, les moustiques ne sont pas des seringues volantes transportant des gouttes de sang contaminé d’une personne à l’autre. Il faut d’abord qu’ils aient été infectés par un agent pathogène avant de pouvoir le transmettre. Et plus important encore, que ce soit la salive du moustique qui soit infectée.

Piqûres et gonflements

Quand un moustique pique, elle (seule la femelle pique) injecte de la salive pour aider le sang à couler. C’est un mélange chimique qui l’aide à sucer le sang de la victime qui ne s’y attend pas.

La façon dont on réagit aux piqûres de moustiques peut varier considérablement. Pour beaucoup de personnes, il s’agit juste d’un léger dérangement qui disparaît tout seul sans grand inconvénient. Pour d’autres, la réaction risque d’être plus sévère. Elle est particulièrement préoccupante chez les jeunes enfants, qui semblent en souffrir le plus. Il n’existe pas de solutions miracles pour apaiser les démangeaisons, mais les réactions deviennent moins fortes à mesure que nous développons une tolérance aux piqûres.

La salive des moustiques peut provoquer une réaction, mais elle peut aussi véhiculer un contenu plus délétère. Les agents pathogènes transmis par les moustiques – le paludisme, la dengue et le chikungunya – infectent chaque année des centaines de millions de personnes. L’émergence du virus zika et son implication dans la survenue de pathologies à la naissance constitue un autre rappel de leur dangerosité.

La salive, secret de l’infection

Tous les gens victimes d’un moustique porteur de virus ne développeront pas forcément de symptômes. Plus notre réaction à la piqûre est sévère, suggère une récente étude, et plus la possibilité de tomber malade est élevée. Les scientifiques ont fait piquer des souris de laboratoire par un moustique porteur de fièvre jaune, Aedes aegypti, puis leur ont injecté le virus de la forêt de Semliki (un virus africain porté par un moustique, qui ne provoque généralement que de légers symptômes chez les humains).

D’autres souris ont été contaminées par le virus, mais pas piquées. Et l’on a découvert que les cellules immunitaires, provoquant une réponse inflammatoire dans la zone piquée avaient aidé le virus à se répliquer et à s’étendre. Les souris sans piqûre de moustiques ont montré des taux d’infection sensiblement moins élevés.

Ce qui signifie que la réaction d’un organisme à une piqûre de moustique pourrait jouer un rôle critique dans la capacité du virus à l’infecter. Rien de surprenant: une recherche précédente a démontré le rôle important de la salive de moustique dans la transmission du virus. Ces virus portés par les moustiques ont évolué en utilisant les moustiques pour aller d’un hôte à l’autre. Pourquoi ne pas s’adapter à la réponse immunitaire de ceux qui les hébergent pour être davantage aptes à survivre?

Réduire les risques

La toute dernière recherche évoque un potentiel fantastique pour la prévention des maladies dues aux moustiques.

Nous possédons déjà un large éventail de répulsifs antimoustiques sûrs et efficaces qui aident à prévenir d’être piqué. Il faut juste encourager les gens à les utiliser correctement. Si vous pouvez empêcher les moustiques de piquer, vous êtes capable de stopper la maladie.

Peut-être l’utilisation de pommades anti-inflammatoires ou autres médicaments réduira encore les risques de maladie. Difficile d’arrêter toutes les piqûres et il suffit d’un moustique infecté, se glissant à travers notre barrière de protection, pour provoquer l’infection. Utiliser ces crèmes suffira-t-il comme filet de sécurité? Si vous ne pouvez pas stopper toutes les piqûres, réduire au moins l’inflammation peut aider à réduire le risque de tomber malade.

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Par Cameron Webb, Clinical Lecturer and Principal Hospital Scientist, University of Sydney

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

The Conversation

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