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Prudence, les braconniers utilisent les données GPS de vos photos en safari
La géolocalisation renseigne les braconniers sur les positions des animaux.
Attention: partager une photo de rhinocéros peut le tuer. Pas directement à cause de l’appareil, mais à cause des réseaux sociaux et surtout de la géolocalisation, qui renseigne les braconniers. C’est ce que l’association d’hospitalité de Namibie (HAN) tente d’expliquer aux touristes amateurs de safaris.
This is a quintessentially 21st century photo pic.twitter.com/rXvB12xMm6
— Tim Bennett (@flashman) 5 mai 2014
«Une photo typique du XXIe siècle.» Sur la pancarte: «Veuillez faire attention lorsque vous partagez des photos sur les réseaux sociaux, ils peuvent mener les braconniers à nos rhinos. Désactivez la fonction GPS et ne révélez pas où vous avez pris la photo.»
Automatiquement, toutes les photos prises par un téléphone portable contiennent les coordonnées géographiques qui renseignent sur le lieu précis où elles ont été prises. Pire, n’importe qui peut y accéder sur Internet, en affichant les informations de la photo. «Si vous avez des coordonnées GPS précises d’un rhinocéros, ou que vous savez où il va boire tous les soirs, c’est très facile de le trouver et de l’abattre», explique Chris Weaver, directeur du programme namibien du WWF, à Outside Online.
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Portables interdits sur certains safaris
Pour les militants de la cause animale, c’est un problème de plus qui vient renforcer le braconnage et le trafic de corne de rhinocéros. Vendue parfois jusqu’à 250.000 dollars pièce sur le marché noir, elle est encore considérée en Asie comme un remède miracle pour les fièvres ou les attaques cardiaques. Depuis quelques années les braconniers sont de mieux en mieux armés, et la flambée des prix de l'ivoire ou de la corne de rhinocéros ont fait exploser le nombre d'animaux tués, comme le racontais Slate.fr.
Des cornes de rhinocéros saisies à la douane de Hong Kong. AARON TAM / AFP
De fait, la plupart des espèces de rhinocéros sont en grave danger d’extinction comme nous l'expliquions sur Slate Afrique, et la préservation n’y change rien. «La Namibie adorerait se vanter de sa réussite en matière de repopulation des rhinocéros, mais ces nouvelles positives peuvent attirer les braconniers chez nous», regrette Gitta Paetzold, directrice de l’association d’hospitalité de Namibie.
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Les pays d’Afrique australe ont alors recours à plus de vérifications et de méfiance. En Afrique du Sud, certains ont même banni les téléphones portables des véhicules de safari. Le comportement des touristes est surveillé: un visiteur qui poserait beaucoup de questions, prendrait plus de photos que les autres peut se voir soupçonné d’être un informateur pour les braconniers…
6000 Rhinos have been killed in Africa in the last decade. 3 per day in South Africa alone! @VFWBill @_WesleyThomson_
— Veterans 4 Wildlife (@Veterans4Wild) 16 juillet 2016
«6.000 rhinocéros ont été tués en Afrique en dix ans. 3 par jour en Afrique du Sud»
Sans compter que le gouvernement namibien n’est pas toujours du côté des militants, en accordant des autorisations de chasser des animaux en voie d’extinction. En juin dernier, trois rhinocéros noirs, espèce très menacée, étaient mis à disposition du chasseur le plus offrant. La Namibie justifie la vente d’autorisations en expliquant que les rhinocéros abattus sont de vieux mâles et que l’argent sert à financer la préservation, mais cela n’apaise pas les critiques.