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Les Ougandais font de leur président qui téléphone au bord de la route un mème
Une manière détournée de critiquer la dictature de Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.
Difficile de comprendre ce qui est passé par la tête de Don Wanyama, l'attaché de presse de Yoweri Museveni ce mardi 12 juillet. Le président ougandais se rendait à une commémoration de la Journée mondiale de la population. Après qu'il a arrêté tout son convoi pour passer un appel (urgent, sans doute), l'attaché de presse a décidé de prendre une photo et de la poster sur Twitter, en invitant les internautes à deviner de quoi le président avait bien pu parler pendant 30 minutes.
Guess what the 30-minute phone call was about...@TeamSEVO @nbstv @DenisNabz @hkashillingi @KKariisa @KiryowaKk pic.twitter.com/Ei2y2yI5k5
— don wanyama (@nyamadon) 12 juillet 2016
Il n’en fallait pas moins pour que la machine s’emballe, et que les internautes ougandais inondent le réseau social de moqueries et de montages pour faire de la photo de Museveni un mème. Il faut dire que la scène tout entière semble déjà absurde et irréelle, que ce soit à cause de la ridicule chaise pliante sur laquelle est assis le président, son classique chapeau trop grand ou le cortège d’au moins cinq véhicules civils et militaires obligés d’attendre la fin du coup de fil.
Ridiculiser la figure du président
Les Ougandais ont d’abord cherché à savoir s’il y avait un lien avec la libération, le même jour, de l’opposant politique Kizza Besigye. Depuis mai 2016, il était emprisonné pour trahison après avoir dénoncé les fraudes lors de la réélection de Museveni en février. L’Ouganda aurait-il procédé à un «Besigyexit» sans que le président soit au courant?
Mais très vite, Museveni est devenu la star de montages photos: des conversations qu’il aurait avec sa femme Janet au sujet du dîner du soir, aux incrustations sur la Lune ou sur le terrain de la finale France-Portugal de l'Euro 2016. Certains l’ont même imaginé téléphonant assis sur le célèbre trône de Fer de la série Game of Thrones.
For the win! #M7Challenge pic.twitter.com/HQQYFfqt2I
— Ory Okolloh Mwangi (@kenyanpundit) 12 juillet 2016
Quelques internautes ont émis l'hypothèse d'un coup de communication de «M7», son surnom en Ouganda, pour étouffer la libération de Besigye, un caillou dans la chaussure de ce président au pouvoir depuis trente ans. Adepte de l'usage de la torture et d'autres méthodes d'intimidation envers les journalistes selon Amnesty International, son gouvernement avait été accusé de durcir la répression de l'homosexualité (même si la loi a finalement été abandonnée).
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En ridiculisant ainsi la figure de leur président, les Ougandais ont fait preuve en quelque sorte d'un acte de résistance, profitant d'un instant où Museveni n'était pas vraiment à son avantage. Ils en ont même profité pour le croiser avec d'autres présidents, comme le Zimbabwéen Robert Mugabe. Un autre dictateur qui est souvent la risée des internautes en raison des gaffes à répétition dont il est l'auteur, notamment en raison de son grand-âge...
This is Sheer proof that the internet ain't a safe place anymore .. pic.twitter.com/9xgYUGjzYe
— BIGTRIL (@bigtrilkaiza) 12 juillet 2016