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Malick Sidibé photographie l'ancien champion cycliste Damien Salmon, le 12 juillet 2006 à Plouha. Crédit photo: André Durand/AFP
Malick Sidibé photographie l'ancien champion cycliste Damien Salmon, le 12 juillet 2006 à Plouha. Crédit photo: André Durand/AFP

«On pouvait même poser avec un mouton avec moi», disait Malick Sidibé

Le célèbre photographe malien mort le 14 avril était un orfèvre du portrait.

Le monde entier rend hommage à Malick Sidibé. Le célèbre photographe malien est décédé à 80 ans jeudi 14 avril, des suites d'un cancer. Un appareil photo à la main, il était l'un des artistes africains les plus doués du XXe siècle. Ses photos et plus particulièrement ses portraits drôles et tellement esthétiques ont marqué les esprits.

«Avant même l'appareil, j'étais déjà dans l'image». C'est ce qu'il a déclaré dans un entretien donné à Libération en 2011. Né à l'époque coloniale, en 1935, il a vu le jour dans la campagne malienne dans le village de Soloba, peuplé par des Peuls, à 300 kilomètres de Bamako. Son père était un paysan, il est a choisi la photographie après avoir fait ses études à l'Ecole des artisans soudanais de Bamako.

«Très vite, il devient une figure incontournable de la vie cultuelle de la capitale du Mali. Il se fera une spécialité des soirées, mariages, photographiant la jeunesse qui découvre la musique venue d’Europe et des États-Unis, notamment sur les pistes de danse. Ses images sans mises en scène racontent une époque festive et insouciante», écrit le Quotidien de l'art sur son site.

«J'ai connu Malick Sidibé le photographe toute ma vie. C'était toujours une immense joie d'aller dans son studio et de poser face à son appareil photo. Son sourire et sa gentillesse étaient uniques. Mon coeur est brisé après son décès», a écrit la chanteuse malienne Inna Modja sur sa page Facebook.

Comme le rappelle le média suisse Le Temps, c'est le marchand d'art André Magnin qui avait grandement contribué à faire connaître Malick Sidibé hors des frontières maliennes. Le photographe malien lui avait rendu l'appareil en identifiant le travail de Seydou Keïta (1921-2001), autre immense photographe malien, dont l'oeuvre est actuellement exposée au Grand palais à Paris.

Mais les deux hommes, liés par leur talent, photographiaient deux Mali différents.

«Seydou, c’était la grande classe des fonctionnaires, avec des hommes richement habillés qui couvraient leur dame de chaînes en or. Moi, c’était la classe moyenne; on pouvait même poser avec un mouton», confia Malick Sidibé au journal Le Monde en 2005.
Un dernier portrait pour la route.

 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique. 

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Malick Sidibé

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