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Gros plan d'un gorille dans le parc des Virunga, le 28 novembre 2008. Crédit photo: ROBERTO SCHMIDT / AFP
Gros plan d'un gorille dans le parc des Virunga, le 28 novembre 2008. Crédit photo: ROBERTO SCHMIDT / AFP

PHOTOS. Les derniers gorilles luttent pour leur survie dans l'est du Congo

La population du gorille de Grauer, la sous-espèce la plus répandue, est passée de 18.000 à 3.800 individus en 20 ans.

Dans les forêts tropicales de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), la qualification de parc naturel est vide de sens. Les montagnes verdoyantes du parc national des Virunga s'étendent sur 7.900 km2 dans une zone densément peuplée et abritent l'une des espèces parmi les plus menacées du continent: les gorilles de Grauer, l'une des quatre sous-espèces, qui est aussi la plus répandue, de ce grand singe. 

L'entrée du parc national des Virunga près de la ville de Rutshuru. Crédit photo: Junior D. Kannah/AFP 

Mais le personnel du parc des Virunga, qui compose avec des moyens très limités, ne peut assurer qu'une surveillance parcellaire de la zone et des gorilles. Un rapport publié le 4 avril 2016 par la Wildlife conservation society, Fauna&Flora international et l’Institut Congolais pour la conservation de la nature montre qu’entre 1995 et 2015, la population de gorilles de Grauer est passée de 17.000 à environ 3.800 individus. 

Patrick Karabaranga, l'ex-directeur du parc des Virunga en compagnie d'un gorille orphelin, le 17 juillet 2012. Crédit photo: PHIL MOORE/AFP

De multiples facteurs menacent l'existence de cette population de grands singes.

«Le gorille de Grauer fait face à une crise majeure. L’expansion agricole et pastorale, de hauts niveaux de chasse de subsistance et d’extraction de viande de brousse, commerce exotique des animaux, l’exploitation minière très répandue, et la dépression socio-économique depuis plus d’une décennie de guerre civile, exercent une pression gigantesque sur les ressources et sur la faune des forêts de la RDC. Depuis 1996, toute l’aire de répartition du gorille de Grauer a été consumée par le conflit», affirment les auteurs de l'étude.

Deux gorilles de Grauer sur les pentes du Mont Mikeno dans le parc des Virunga, le 28 novembre 2008. Crédit photo: ROBERTO SCHMIDT/AFP

Pour Radar Nishuli, le directeur actuel du parc des Virunga et co-auteur du rapport, il y a urgence.

«Ce que nous avons observé sur le terrain est extrêmement inquiétant. Nous avons urgemment besoin d'une réponse forte et ciblée, avec de la formation, des effectifs supplémentaires d'éco-gardes pour combattre le braconnage plus efficacement. Nous devons aussi mettre en place un réseau de renseignement, et soutenir la surveillance quotidienne des familles de gorilles pour nous assurer de leur sécurité. Il faut aussi intégrer à notre action les chefs qui détiennent le pouvoir traditionnel dans la région et éduquer leurs communautés pour qu'ils arrêtent de chasser ces grands singes», dit-il.

Un char en forme de gorille le 11 novembre 2015 au carnaval de Cologne en Allemagne. Crédit photo: PATRIK STOLLARZ / AFP

Théâtre de combats entre milices armées depuis 1996, le parc des Virunga n'attire quasiment pas de touristes, contrairement au parc national côté rwandais de l'autre côté de la frontière où sont également présents des gorilles. Les visiteurs paient par exemple 370 euros pour passer une heure à observer de près les gorilles dans le parc des Volcans au Rwanda. Dans son dernier rapport sur le parc des Virunga, l'Unesco note d'ailleurs que, «la promotion d’un tourisme localisé et contrôlé pourrait accroître les recettes et contribuer à un financement régulier pour le maintien du bien.»

Un jeune gorille orphelin dans un hamac au sanctuaire de Rumangabo du parc des Virunga, le 5 août 2012. Crédit photo: MICHELE SIBILONI / AFP

Si le déclin de l'espèce se poursuit au rythme actuel – environ 5% de la population du gorille de Grauer est tuée chaque année –, les auteurs de l'étude estiment que ce grand singe aura quasiment disparu à l'état sauvage d'ici cinq ans. 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique. 

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