SlateAfrique

mis à jour le

Le retour au pays du milliardaire tunisien controversé

C'est la surprise des premières élections libres en Tunisie du 23 octobre dernier. Les listes d’Al-Aridha (Pétition populaire) raflent 26 sièges sur les 217 sièges de l'Assemblée Constituante. Ce parti représente la troisième force politique de Tunisie, après Ennahda et le Congrès pour la République (CPR).

A la tête de ces listes Pétition populaire figure Hachemi Hamdi, un milliardaire qui avait organisé sa campagne électorale à partir de sa télévision Al-Mostaqilla, diffusée à Londres. Mais qui est ce Tunisien de l’étranger, qui incarne le «troisième homme» en Tunisie? La question qui taraude aujourd'hui les Tunisiens, c’est l’accueil réservé à cet homme lors de son retour dans le pays, prévu le samedi 12 novembre 2011.

«Sauf que Hachemi Ben Youssef Ben Ali Hamdi ne rentrera pas au pays sans être rassuré pour sa sécurité et surtout sans un accueil de bienvenue de Hamadi Jebali, le secrétaire général d’Ennahda», raconte le site tunisien Kapitalis.

Homme des médias, Hachemi Hamdi parle de lui à la troisième personne, de ses luttes politiques et sociales à sa victoire inattendue aux dernières élections tunisiennes pour former la future Assemblée constituante de la Tunisie post-Ben Ali. Un autre point central dans sa communication, le leader d’Al-Aridha réfute toute collusion avec Ben Ali et les anciens du RCD, l’ancien parti au pouvoir.

En 1983-1984, Hachemi Hamdi était responsable de la chronique Université au journal «Le Maghreb», contrôlé par Rachid Khechana Omar S’habou.Tous se souviennent d’un grand jeune homme maigre, au visage taillé à la lame de couteau. Outre le journalisme, le jeune Hachemi Hamdi était également très actif dans le syndicat de l’UGTE (syndicat estudiantin islamiste dépendant du Mouvement de tendance islamiste, devenu Ennahda), précise le site Kapitalis.

Puis condamné à 20 ans de prison en Tunisie, une longue traversée du désert commence pour ce jeune tunisien, qui réapparait en 2001 avec une nouvelle casquette, celle de patron d’une chaîne de télévision, Al- Moustaqilla.

Son plateau de télévision devient alors une plateforme pour tous les ténors de l’opposition tunisienne. De Londres, les opposants exilés tunisiens critiquaient le régime de Ben Ali.

«Chaque dimanche vers 13 heures, Al-Moustaqilla allume la passion dans tous les foyers tunisiens qui suivent cette première musique de la liberté», raconte le site tunisien.

Mais très vite le patron a des envies de grandeurs, ce qui le conduit à se rapprocher de Ben Ali et à servir le régime dans sa propagande, observe le site Kapitalis. Certains disent qu’il aurait même servi d’éminence grise à Ben Ali.

Sauf que depuis le départ du dictateur le 14 janvier dernier, silence radio, ce qui ne l’empêchera pas d’obtenir un score plus qu'honorable aux élections du 23 octobre. L'une des mesures phares de son programme : la gratuité des soins pour tous les Tunisiens. Outre le tribalisme et le clientélisme, l’article évoque notamment un appui électoral des anciens du RCD et de l’Arabie Saoudite.

«Enfin en promettant de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, il poursuit la résistible ascension vers les sommets d’un sous-marin en eau grise», conclut le site tunisien.

Lu sur Kapitalis

A lire aussi

Tunisie: les enseignements du scrutin

La Tunisie à la recherche d'une politique commune