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Kenya - De l'art pour lutter contre le cafard
Chaque début de semaine, la morosité guette ceux qui reprennent le travail. Au Kenya, un artiste américain a voulu redonner le sourire aux travailleurs qui se lèvent tôt, et plus généralement à la population de Nairobi. L’artiste Yazmany Arboleda a décidé de lutter contre le «Monday blues» (blues du lundi) en distribuant aux habitants de la capitale des milliers de ballons jaunes, apprend-on sur The Standard.
D'abord déconcertée, la population s’est finalement jointe à cette opération. Les mines grincheuses de certains ont laissé place aux sourires et à la bonne humeur.
Cette performance est une sculpture vivante qui s’inscrit dans une oeuvre globale baptisée Monday Morning. Arbeloda souhaite rendre accessible la culture à tous, sans barrière sociale.
«L’idée est d’intégrer l’iconographie de la célébration dans le quotidien de la vie des travailleurs», déclare t-il à BBC News.
«Nous célébrons les ouvriers et employés au moment où ils vont au travail, en expliquant que l’art n’est pas qu’une photographie, une sculpture ou un tableau.»
Le professeur d’art Patrick Mukabi se réjouit de l’initiative de l’artiste américain:
«Cette opération est différente car le public est impliqué. Les artistes n’arrivent pas à comprendre qu’ils viennent d’une société qui a besoin d’être informée sur l’actualité du monde culturel.»
Nick Olango, de la fondation Kuruka Maisha qui vient en aide aux enfants des rues, a également tenu à saluer l’action d’Arbeloda:
«Il rend l’art à la population».
Pour l'artiste, cette distribution de ballons a une résonnance particulière pour le Kenya qui connaît une période de troubles.
«Je trouve que cette œuvre est d’autant plus importante à un moment où le climat social du Kenya est tendu en raison des menaces des islamistes shebab et les récentes attaques.»
C’est la troisième fois que l’artiste se prête à ce genre de performances. Auparavant, Arboleda s’était rendu à Bangalore en Inde et Yamaguchi, au Japon. Dans chaque pays, l’artiste a utilisé des ballons de différentes couleurs.
A Nairobi, il a opté pour le jaune, couleur du soleil et de l’Afrique. En Inde, son choix s'est porté sur l'orange qui représente la couleur des prêtres hindous. Au Japon, les ballons étaient verts, symbole du paysage et de la technologie. L’artiste ne compte pas s’arrêter là. Après l'opération du Kenya qui a couté 500.000 shillings, soit 3.900 euros, il envisage de réitérer cette performance en Europe, en Colombie, en Australie, et pour finir, à New-York.
Lu sur The Standard, BBC News
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