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Les noirs rejoignent le mouvement des Indignés
«Occupy Wall Street n'est pas un combat de blancs, c'est un combat du peuple», voilà le slogan scandé par les membres de Occupy The Hood. Il s'agit d'un dérivé du mouvement Occupy Wall Street, qui entend inclure les noirs et les minorités dans le mouvement de protestation qui secoue les Etats-Unis.
Ce mouvement, c'est Malik Rhaasan, un citoyen afro-américain, qui en est à l'origine. Au Huffigton Post, il explique que dans son quartier, le Queen, la communauté jamaïcaine est la première à souffrir du manque de travail aux Etats-Unis et de l'absence d'un quelconque avenir:
«Ma fille de 17 ans est en plein questionnement aujourd'hui entre rejoindre l'armée ou s'endetter en faisant un prêt pour pouvoir étudier à l'Université, comme c'est déjà le cas d'un grand nombre d'étudiants. Cette situation est inacceptable dans le pays le plus riche du monde.»
Fin septembre, il lance alors son appel sur Facebook et Twitter pour encourager la population noire et les minorités à s'impliquer dans le mouvement parce que, comme il l'explique lui même, «la première fois que je suis allé au quartier général des Indignés de Wall Street, il n'y avait aucun noir.»
Dès lors, 7.000 personnes rejoignent le mouvement, cinq villes américaines organisent leurs propres regroupements, et le premier rassemblement a eu lieu à Boston le 21 octobre. Pour Ife Johari Uhuru, coiffeuse noire américaine de Détroit, l'une des premières activistes à rejoindre le mouvement, comme elle l'explique à Al-Jazeera:
«Occupy The Hood est né du besoin d'essayer d'impliquer les noirs parmi les contestataires d'Occupy Wall Street, —pas seulement à New York mais dans le monde entier—, et de les impliquer dans les assemblées générales, là où les décisions sont prises. Sans toute la population, ce n'est pas un combat du peuple.»
Le collectif est né d'un constat: les personnes les plus touchées par la crise, à savoir les minorités noires et latinos américaines, ne sont pas suffisament intégrer dans la contestation.
«Occupy The Hood n'est pas un mouvement en rupture avec Occupy Wall Street, ce n'est pas une compétition», affirme Ife Johari Uhuru. Pour elle, «ce que les contestataires d'Occupy Wall Street dénoncent, c'est le quotidien d'un grand nombre de personnes issues des communautés noires et métis.»
Qui mieux que les personnes les plus concernées par le sujet pour en parler?
A Philadelphie, Chicago, Washington, Dallas et Austin, les noirs et autres minorités locales se rassemblent depuis plus d'un mois pour lutter ensemble pour la transformation profonde de la société. Occupy The Hood ne tient pas à faire de distinction raciale dans son mouvement mais voit au contraire l'occasion de s'unir autour de la même cause malgré les multiples histoires; identités et combats qui composent les Etats-Unis.
Ife Johari Uhuru le déclare elle même:
«Si jamais quelque chose devait émerger d'Occupy Wall Street et que je n'en ai pas fait parti, je ne le supporterai pas.»
Phillip Jackson, fondateur et directeur exécutif de «The Black Star Project», —une association fondée en 1996 dont le but est d'améliorer la qualité de vie des communautés noires et latinos de la ville de Chicago—, compare, lui, les membres d'Occupy The Hood à la nouvelle génération du célèbre mouvement des droits civiques des années 1960 aux Etats-Unis. Pour honorer leurs ancêtres et participer aux mouvements de contestation, Phillip Jackson invite les Africains du monde entier à se regrouper le 19 novembre prochain dans les villes où sont organisées des rassemblements par le mouvement Occupy Wall Street.
Lu sur The Huffigton Post, Al-Jazeera, Nigeria Daily News
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