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Par la force des choses, la Somalie est devenue un pays sans argent liquide
Les Somaliens sont très friands du paiement bancaire par téléphone.
Le Kenya est souvent affiché comme le laboratoire du paiement bancaire par téléphone. Des millions de Kényans ont déjà ouvert un compte bancaire via mobile et règlent leurs achats quotidien en pianotant sur leur clavier. Le M-pesa, service du genre le plus connu d'Afrique, est le symbole d'un Kenya devenu champion du paiement par mobile. Aujourd'hui, il est même possible de voyager 10 jours au Kenya sans toucher une seule fois à de l'argent liquide.
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Mais plus surprenant, cette contagion technologique s'est répandue dans la Somalie voisine, détruite par plus de deux décennies de guerre civile et toujours le théâtre de combats entre troupes gouvernementales et le groupe terroriste Al-Shabab. À Mogadiscio, la capitale, c'est par la force des choses que les habitants abandonnent peu à peu l'usage de l'argent liquide, comme l'explique le site d'informations Quartz.
«Chacun est devenu sa propre banque»
Les années de guerre ont détruit le secteur bancaire du pays et l'insécurité n'encourage pas les Somaliens à se balader avec de grosses sommes d'argent sur eux. Alors, l'arrivée du téléphone mobile a tout changé. Il y a encore trois ans, seulement 22% de la population avait un abonnement mobile: ils sont 51% aujourd'hui, selon la Banque mondiale. Et le paiement bancaire via mobile est en plein boom.
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«C'est facile aujourd'hui. Je n'ai plus besoin d'avoir de l'argent liquide avec moi. J'ai juste à me servir de mon téléphone pour payer mes achats partout, que ce soit des biens ou des services. Chacun est devenu sa propre banque, c'est plus sûr», confie Hassan, un chauffeur d'une ONG locale, au média américain Quartz.
Le leader du marché national est l'entreprise somalienne Hormuud Telecommunication qui a lancé son activité de paiement bancaire mobile il y a six ans.
Mais malgré un semblant de stabilité en Somalie – le secrétaire d'Etat américain John Kerry a même effectué une visite à Mogadishio en juin 2015 –, le climat n'est pas encore optimal pour le business. Le groupe Al-Shabab, qui est affilié à Al-Qaïda, a menacé plusieurs fois l'opérateur Hormuud en affirmant que les bénéfices du marché du paiement bancaire mobile bénéficiaient aux autorités, et qu'à ce titre cette activité devait être détruite.
Mais ce sont les mêmes Shabab qui ont poussé, sans le vouloir, les Somaliens à se tourner vers les services de paiement mobile. Drôle clin d'oeil de l'histoire.