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Le business prometteur des serviettes hygiéniques en Afrique

Utiliser du papier journal, des fibres de bois ou des chiffons en guise de serviettes hygéniques, c'est le quotidien d'une majorité de femmes africaines lors de leur menstruation. Non pas par choix mais parce que les serviettes importées de l'étranger coûtent beaucoup trop cher pour qu'elles puissent les acheter. L'utilisation de ces moyens engendrant nombre de problèmes sanitaires —dont d'importantes infections vaginales—, des entreprises tentent de mettre en place des alternatives pour parer à ces méthodes rudimentaires.

En Somalie, le camp de réfugiés de Doro, situé à Galkayo, au centre du pays, a mis en place une entreprise de confection de serviettes hygiéniques. Au sein du Galkayo Education Centre for Peace and Development (GECPD), un centre d'éducation qui compte environ 800 jeunes filles, une soixantaine de jeunes femmes âgées de 16 à 22 ans travaillent à la réalisation de serviettes hygiéniques. Ce projet, qui a vu le jour en 2009 grâce à l'aide de l'UN Children's Fund (UNICEF) et de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), permet ainsi aux jeunes femmes de la région de bénéficier de serviettes hygiéniques, mais également à ces mêmes femmes de travailler. Comme le confie au Guardian Fartun Abdi Hashi, une Somalienne de 22 ans employée dans le centre:

«J'ai été choisie pour fabriquer des serviettes hygiéniques et les sous-vêtements qui vont avec. Je perçois pour cela 150$ par mois qui me permet d'aider ma famille. Jamais avant ce projet je n'aurais pensé pouvoir un jour gagner autant d'argent.»

Le GECPD créé ainsi 1.400 paquets de serviettes hygiéniques par jour, comprenant chacun un lot de six serviettes hygiéniques et de deux culottes adaptées, et souhaite étendre sa production d'ici 2012 à 50.000 paquets afin de toucher le plus grand nombre de femmes.

Cette initiative, qui permet à la fois aux femmes de bénéficier d'un emploi, et aux jeunes filles de continuer d'aller à l'école même quand elles sont indisposées, a également été lancée en Ouganda. AFRIpads, qui se définit comme une «entreprise sociale», contribue à l'éducation des jeunes filles et à l'économie locale de la région en employant 60 femmes chargées de confectionner des serviettes hygiéniques en tissu lavables et réutilisables. L'idée «d'aider l'Ouganda à s'aider soi même» est venue de deux jeunes Canadiens, Sophia Klumpp et Pauls Grinvalds, qui précise:

«Bien sûr, le but de l'entreprise est de faire du profit, mais il est avant tout social puisqu'en proposant des serviettes hygiéniques moitié moins cher que les serviettes hygiéniques importées, AFRIpads génère la création de postes et permet aux jeunes filles de ne plus manquer les cours une fois par mois.»

Et le marché des serviettes hygiéniques ne s'arrête pas là. En Algérie, comme le rapporte le site Maghreb Emergent, la société Faderco, spécialisée dans la fabrication de couches hygiéniques pour femmes et bébés depuis 1986, entend bien s'étendre au reste du continent africain. Avec un chiffre d'affaire passé en dix ans de 300 millions de dinars (300.000 euros) à 5 milliards de dinars (50 millions d'euros), Faderco ambitionne d'exporter à long terme près de 10% de sa production. Aujourd'hui, l'entreprise produit 600 millions de couches hygiéniques par an. Une production qui engendre à elle seule entre 300 et 350 millions d'euros par an pour l'entreprise. Après les marchés libyen et tunisien, la société compte s'implanter en Afrique subsaharienne. Elle aussi à seule fin sociale?

Lu sur The Guardian, Maghreb Emergent

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