mis à jour le

Charles Blé Goudé, l'autre accusé du procès Gbagbo qui se rêve en Mandela
L'ancien ministre de la Jeunesse ivoirien comparaît aux côtés de Laurent Gbagbo devant le tribunal de la CPI pour crimes contre l'humanité.
Ce jeudi 28 janvier s'est ouvert au tribunal de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye aux Pays-Bas, le procès de Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d'Ivoire, accusé de crimes contre l'humanité commis lors des violences qui ont secoué le pays dans les mois qui ont suivi l'élection présidentielle du 27 novembre 2010. C'est la première fois qu'un ex-chef d'Etat africain est jugé par la CPI.
Mais aux côtés du président déchu, un autre homme de pouvoir ivoirien, qui agissait davantage dans l'ombre, comparaît devant le tribunal international. Il s'agit de Charles Blé Goudé, l’ex-ministre de la Jeunesse du gouvernement non reconnu de Laurent Gbagbo. Et pour le fondateur des Jeunes patriotes, un mouvement politique ultra-nationaliste qui soutenait le camp Gbagbo et dont les partisans ont commis des exactions contre les partisans d'Alassane Ouattara – le président actuel –, ce procès devant la CPI est un moyen d'entrer dans l'histoire.
Charles Blé Goudin salue la foule lors d'un meeting politique le 15 décembre 2010 à Abidjan. Crédit photo: REUTERS/Thierry Gouegnon
Il voit la prison comme un tremplin
À La Haye, Charles Blé Goudé se présente en nouveau Mandela. «Pas forcément pour le parcours», explique au journal Le Monde son avocat, Me Simplice Seri Zokou, «mais parce qu’il se sent comme l’icône sud-africaine: diabolisé». Pour le «général de la rue», comme il était surnommé par les médias ivoiriens du temps de sa splendeur, un passage par la case prison serait même une étape nécessaire vers le pouvoir, comme cela a été le cas pour Nelson Mandela.
«Pour lui, la prison est un passage obligé dans la vie de tout combattant politique d’un certain niveau. Il cite volontiers en exemple la Birmane Aung San Suu Kyi ou le Sud-Africain Nelson Mandela», note l'hebdomadaire Jeune Afrique dans un portrait qui lui est dédié. Il a d'ailleurs déjà lu plusieurs oeuvres du père de la nation sud-africaine dans sa cellule de la prison de Scheveningen, dont Un long chemin vers la liberté et Conversation avec moi-même, toujours selon Jeune Afrique.
Mais malheureusement pour Charles Blé Goudé, la comparaison s'arrête là. L'ancien leader des Jeunes patriotes n'a pas la dimension intellectuelle de son aîné sud-africain. Après avoir laborieusement obtenu une licence d'anglais après 10 ans d'études, il s'avère en effet qu'il a triché pour obtenir le précieux sésame, rappelle le Huffington Post. Surtout, il est aujourd'hui assis sur le banc des accusés pour crimes contre l'humanité. Et de ce point de vue, il risque plus d'épouser la trajectoire d'un Charles Taylor, l'ancien président du Libéria condamné à 50 ans de prison et jugé lui aussi à La Haye par un tribunal spécial, que celle de Nelson Mandela.