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Tunismix, ces artistes tunisiens qui font la révolution

«Connexions tunisiennes», c'est le nom de la web-série visible sur le site internet Tunismix créé à l'initiative de deux jeunes artistes: Jérémix, blogueur-réalisateur freelance français, et Zed, artiste de rue maroco-tunisien et qui est de ceux qui ont fait la Révolution du Jasmin.

Jérémix, de son vrai nom Jérémie Fontaine, décide en juin dernier de partir en Tunisie filmer des artistes tunisiens qui ont participé de près ou de loin à la chute de l'ancien dictateur Zine el-Abidine Ben Ali. Le but de ce reportage? Mettre en lumière le rôle joué par les artistes lors de la révolution de janvier dernier; dresser le bilan de ces neuf derniers mois sans Ben Ali et offrir un nouveau regard sur les cultures urbaines au pays du jasmin. Avant de s'y rendre, il rencontre Zed, alias Zied Ben Cheikh, que certains surnomment le Banksy tunisien, lors de l'exposition «Dégage» qui s'est tenue à Paris du 15 au 30 avril 2011 à la Galerie Itinerrance. Les deux hommes se lient rapidement d'amitié et lorsque Jérémix s'envole pour la Tunisie, c'est Zed qui lui sert de guide pour son reportage.

De là naît le projet de leur site internet. Mélange de web TV, de fiction et de carnet de voyage selon CanalStreet, Tunismix se veut être le portrait artistique de la Tunisie nouvelle. A travers leur web-série, ils font parler chanteurs, chanteuses, acteurs, réalisateurs, peintres, DJ, intellectuels qui ont lutté pour leur indépendance. Huit épisodes d'environ quatre minutes pour donner la parole à ceux qui ont fait la révolution comme l'indique le peintre Naceur Ben Cheikh pour qui:

«Cette révolution, —qui a donné son image à la Tunisie, sa crédibilité—, a été faite par les créateurs, les artistes, pas par les politicards qui ont l'ambition de s'emparer du pouvoir et qui ont été appelés par le vite.»

Une web-série dans laquelle tous s'accordent pour dire que la révolution en Tunisie est encore à faire, comme en témoigne le comédien tunisien Lofti Abdelli, l'un des premiers à se révolter contre Ben Ali:

«La révolution n'est pas encore faite, tout est à construire. Et en construisant, en apprenant à marcher comme un enfant, on se casse la gueule. C'est la seule manière d'apprendre. Donc pour les gens qui ont peur qu'on se casse la gueule, il faut qu'on le fasse pour apprendre de nos vraies fautes. Aujourd'hui on essaye de bouger. Parfois maladroitement, mais sincèrement.»

Une confession qui sonne comme une réponse aux récentes peurs suscitées par la victoire du parti islamique Ennahda lors des élections constituantes du week-end dernier.

La web-série semble avoir de beaux jours devant elle puisque deux chaînes de télévision tunisiennes ont contacté le site Tunismix pour en faire une émission. En attendant, les huit épisodes sont visibles sur le site internet de TV5 Canada.

Lu sur CanalStreet

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