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Mauritanie - «Monsieur droits de l'homme» derrière les barreaux

Ancien commissaire aux droits de l’Homme au sein du gouvernement mauritanien, Mohamed Lemine Ould Dadde est détenu en prison depuis plus d'un an dans son pays. Âgé de 44 ans, ce militant des droits de l'homme est connu pour son engagement personnel contre l’esclavage en Mauritanie. Il était apparu dans un documentaire d’Arte, Chasseur d’esclavesMohamed Lemine Ould Dadde y raconte comment il a libéré et accompagné l’esclave qu’il avait reçu à sa naissance. Il est le seul «Maître» à avoir accepté de parler de ce sujet délicat à des journalistes.

Plusieurs ONG ont tenu à dénoncer la détention arbitraire de Mohamed Lemine Ould Dadde, souligne le site de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).

Aux côtés de la FIDH, on trouve l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH), Agir ensemble pour les droits de l’Homme (AEDH) et SOS-Esclaves. Le 27 septembre 2010, Mohamed Lemine Ould Dadde est arrêté, placé sous mandat de dépôt et inculpé de «détournements de deniers publics».

Malgré la législation mauritanienne qui lui permettait d’être libéré le 27 septembre 2011, soit un an après son arrestation, Mohamed Lemine Ould Dadde a été maintenu en détention. Le 26 octobre dernier, le ministère public a justifié cette décision en mettant en avant l’article 138 du Code pénal mauritanien. Cet article stipule que «si les éléments constitutifs de l’infraction ont été commis hors du territoire national ou si l’individu est poursuivi pour homicide volontaire, trafic de drogue, terrorisme, association de malfaiteurs, prostitution, brigandage ou pour cause d’infraction commise en bande organisée», la détention préventive peut être portée jusqu'à trois ans.

La présidente de l’AMDH et vice-présidente de la FIDH, Me Fatimata Mbaye, dénonce un tel argument:

«l’application de l’article 138 alinéa 5 est manifestement inadaptée au cas de M. Mohamed Lemine Ould Dadde et est instrumentalisée pour prolonger sa détention en dehors du cadre de la loi», a-t-elle déclaré. 

Outre le non respect de la loi, la FIDH a également tenu à dénoncer des irrégularités dans les procédures. Mohamed Lemine Ould Dadde a été jugé par des juridictions ordinaires. Or, en tant que Commissaire aux droits de l’Homme, à l’action humanitaire et des relations avec la société civile en Mauritanie, ce dernier avait rang et prérogatives de ministre et aurait donc dû être traduit devant la Haute Cour de Justice.

Le FIDH a également noté de nombreuses erreurs et incohérences dans les rapports de l’Inspection Générale d’État, les rapports des enquêtes de police et le rapport provisoire de la Cour des comptes.

Lu sur FIDH

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