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Côte d'Ivoire - Pourquoi des militaires français sont morts à Bouaké?

L’enquête sur le bombardement par l’armée de Laurent Gbagbo de la base militaire française de Bouaké en Côte d'Ivoire, le 6 novembre 2004, a été entravée par les autorités françaises, selon une enquête du quotidien Libération.

Cette offensive lancée par l’ancien président ivoirien avait fait 9 morts et 40 blessés dans les rangs de la force française de maintien de la paix Licorne. Le journal revient sur l’étouffement de cette affaire et le désespoir des familles de victimes qui réclament justice.

Non seulement l’enquête piétine à cause des différents magistrats qui se sont succédés (un quatrième juge va reprendre prochainement l’instruction à zéro), mais c’est le laxisme suspect des autorités françaises qui pose le plus problème. En effet, la France aurait fait enterrer les corps des victimes tels quels, sans autopsie, et elle aurait laissé s’échapper les mercenaires biélorusses pilotes des deux avions qui ont bombardé la base française. Ces éléments amènent l’avocat des familles, Maître Jean Belan, à envisager une plainte des familles contre l’ancienne ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, devant la Haute Cour de Justice, une juridiction qui juge les hauts représentants de l'Etat en France.

«Les mercenaires avaient été photographiés sous toutes les coutures en Côte-d’Ivoire et identifiés par les services de renseignement, qui ont fait un travail formidable. Michèle Alliot-Marie a donné un ordre net et précis: 'Libérez-les sans les interroger'. (…) Dans ce dossier, je pèse mes mots, elle a menti en permanence et à tout le monde, aux soldats, aux familles et —sous serment— à la justice», a-t-il déclaré avec force.

Le portail d'informations ivoirien Abidjan.net cite la lettre ouverte de l'avocat français en date du 3 novembre, qui porte des accusations graves: 

«le bombardement était voulu afin de créer une situation propice pour se débarrasser de Laurent Gbagbo.»

Ce raid des forces de Laurent Gbagbo avait déclenché une vague de violences. Les forces françaises ont alors reçu l’ordre de répliquer et ont presque totalement détruit la flotte militaire aérienne d’Abidjan. Des dizaines d’Ivoiriens avaient été tués. Le régime ivoirien avait alors répliqué en lançant une chasse aux Français qui ont été contraints d’être évacués par l’armée française.

En attendant que justice soit faite, le quotidien s’interroge:

«Que cache la France? (…) a-t-elle voulu éviter un grand déballage du plus mauvais effet sur ses turpitudes en Côte d’Ivoire?»

Lu sur Libération, Abidjan.net

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