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À Kinshasa, les horreurs et les violences qui secouent régulièrement l'est de la République démocratique du Congo (RDC) semblent lointaines. Comme le rapporte le magazine The Economist dans un reportage sur place, la troisième mégalopole africaine derrière Lagos et le Caire est en pleine mutation.
Le boulevard du 30 juin a été transformé en autoroute, un nouveau terminal à l'aéroport international, de nombreux projets immobiliers d'ampleur sortent de terre, comme la «cité du Fleuve», un ensemble de luxueux appartements vendus 900.000 dollars la pièce... La croissance économique est également au rendez-vous, avec une hausse annuelle du PIB plus de 7% depuis 2009. Même la scène artistique fait désormais les beaux yeux à la Kinshasa, selon The Economist. «Avant, c'était tout pour Paris, mais maintenant Kinshasa est l'endroit à la mode», confie au média britannique, Reddy Amisi, un musicien installé à Paris, qui vient très régulièrement au Congo.
Mais si certains quartiers de la capitale congolaise se modernisent et sont à la mode, la majorité des Kinois vivent toujours dans les immenses bidonvilles qui jouxtent le centre-ville. Et dans la précarité. Moins de 10% des habitants possèdent un poste de salarié.
Surtout, à Kinshasa, personne ne semble faire de plans pour l'avenir. La vie se conjugue uniquement au présent. La raison à cela est essentiellement politique. Le président Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 et élu en 2006, ne peut théoriquement pas se représenter aux prochaines élections prévues en 2016. Mais comme d'autres chefs d'Etat de la région – Sassou Nguesso à Brazzaville ou Nkurunziza au Burundi –, il semble prêt à modifier la constitution pour garder la main.
«Depuis des mois, l’opposition l’accuse de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin se son mandat et le mécontentement gronde aussi au sein de la majorité», écrivait Jeune Afrique, en septembre dernier.
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Pour The Economist, l'avenir du Congo s'annonce sombre si l'actuel chef d'Etat ne renonce pas au pouvoir. «Si Kabila refuse de s'en aller quand son mandat arrivera à son terme, des émeutes éclateront sûrement. En janvier lors des manifestations contre la modification du code électoral, les troupes congolaises ont tué environ 40 personnes. Beaucoup craignent une révolte plus importante l'an prochain.»
Si la RDC est un immense pays difficile à contrôler, «Kinshasa est la clé», confie un homme d'affaires au magazine britannique.