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L'Egypte arrête un journaliste spécialiste du Sinaï pour «propagation de fausses informations»
Une atteinte à la liberté de la presse qui symbole la dérive autoritaire du pouvoir égyptien.
Comme le rapporte le site d'informations Ahram Online, les autorités égyptiennes ont ordonné dimanche 29 novembre l'arrestation pour 15 jours du journaliste d'investigation Ismail Alexandrani, spécialiste du Sinaï, pour «propagation de fausses informations».
Une source judiciaire a indiqué à Ahram Online que le journaliste avait également été inculpé pour avoir rejoint l'organisation des Frères musulmans. Ismail Alexandrani a été arrêté à l'aéroport d'Hurghada alors qu'il venait d'Allemagne, où il réside, pour rendre visite à sa grand-mère «malade», selon ses dires.
L'un des avocats du journaliste, Mohamed al-Baqer, a précisé que l’interrogatoire du journaliste se poursuivrait jeudi 3 décembre.
«Un message très négatif»
«L’arrestation de Monsieur Alexandrani dérange profondément, et s’inscrit dans une constante des services de sécurité égyptiens, qui arrêtent ceux dont les écrits ne sont pas conformes aux positions officielles», a dénoncé dans un communiqué, cité par l'AFP, l'ONG Human rights watch
«Il n’y a pas de preuves», a pour sa part affirmé son avocat, estimant que l’affaire envoyait «un message très négatif aux journalistes, les (poussant) à s’autocensurer lorsque leurs opinions divergent de celles des autorités.»
De graves atteintes à la liberté de la presse ont été régulièrement constatées dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir du général Abdel Fattah al-Sissi à l'été 2013. Trois journalistes de la chaîne qatarie Al Jazeera avaient été condamnés à trois ans de prison, eux aussi pour «diffusion de fausses informations», en août 2015, avant d'être graciés et libérés en septembre.
Dans son classement 2014 de la liberté de la presse dans le monde, Reporters sans frontières (RSF) a classé l'Egypte au 158e rang (sur 180).
«Au nom de la lutte contre le terrorisme, les autorités égyptiennes, incarnées par le général Sissi, s’en prennent systématiquement aux médias affiliés aux Frères musulmans, ou considérés comme proches de la confrérie. Rien qu’en 2014, au moins 30 journalistes ont été arbitrairement interpellés, accusés d’avoir participé ou organisé des manifestations ou de soutenir une organisation terroriste. Les autorités continuent d’utiliser des prétextes fallacieux pour les maintenir en détention», affirme RSF.