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La légalisation de la vente de corne de rhinocéros peut-elle sauver l'espèce?
La cour suprême d'Afrique du Sud a levé le 26 novembre l'interdiction sur le commerce de corne de rhinocéros sur le territoire national.
Le salut des rhinocéros pourrait venir d'où on ne l'attend pas. En Afrique du Sud, pays où ces fascinants animaux à deux cornes sont de très loin le plus nombreux – environ 20.000 individus, soit 80% de l'espèce selon les scientifiques –, la cour suprême de Prétoria a décidé le 26 novembre de lever le moratoire sur la vente de corne de rhinocéros mis en place en 2009 sur le territoire sud-africai.
«Parmi les scientifiques, il y a une profonde incertitude sur quelle est la meilleure réponse à apporter à la crise du braconnage. Beaucoup ont exprimé un soutien mesuré à l'idée de légaliser le commerce de cornes de rhinocéros à l'échelle mondiale», note The Guardian.
La situation est pourtant brûlante. Au rythme actuel du nombre de spécimens tués chaque année par les braconneurs, les rhinocéros auront disparu d'Afrique du Sud à l'horizon 2020.
Booster les recettes des réserves
La légalisation de la vente de corne de rhinocéros pourrait permettre aux propriétaires de fermes, où les animaux vivent en semi-liberté dans des réserves privées, d'accroître leurs recettes, qui dépendent pour le moment uniquement du tourisme, en vendant de la kératine, la poudre issue des cornes, sur le marché intérieur. Ces revenus supplémentaires permettraient aux exploitants de réserves privées de pérenniser et développer leurs installations. Une étude parue en 2014 dans le magazine scientifique Conservation Biology affirme que la légalisation de ce commerce pourrait générer 717 millions de dollars de profits chaque année. Ses auteurs estiment que cette somme pourrait théoriquement permettre d'entraver le braconnage.
Mais par l'intermédiaire de son responsable du programme de sauvegarde de l'espèce, le Dr Jo Shaw, le WWF a affirmé à The Guardian que la fin du moratoire sur le commerce de corne de rhinocéros sur le territoire sud-africain était une erreur.
«Lever le moratoire sur le plan intérieur peut seulement encourager le braconnage et le commerce illégal, en fragilisant l'interdiction sur le plan international», accuse t-il.
Mais, «dans la course contre-la-montre engagée contre les braconniers, il n'y a pas de temps pour choisir le mauvais chemin», note The Guardian. Et personne ne sait vraiment si la levée du moratoire en Afrique du Sud sera une bonne chose ou non.