mis à jour le
Tunisie - Ces femmes qui défient Ennahda
En Tunisie, le succès du parti islamiste Ennahda fait naître des inquiétudes au sein de certaines couches de la population. Ces craintes sont renforcées par des actes d'intolérance que d'aucuns lient à la percée des islamistes. Ainsi, Tuniscope révèle que le 2 novembre, 200 femmes ont manifesté dans le centre de Tunis.
Mise en place grâce aux réseaux sociaux, la manifestation a rassemblé des groupes de femmes issus de milieux très divers. Par cet acte, elles revendiquent la consolidation des droits de la femme, le respect de ses acquis et la préservation de son statut libre et moderne en Tunisie.
Le quotidien algérien El Watan nous apprend que cet évènement est le fruit «d'une initiative citoyenne et non partisane, qui a vu le jour grâce au bouche-à-oreille, à des messages SMS ou sur Facebook». En Tunisie la victoire d’Ennahda est crainte par bon nombre de femmes. Ces dernières craignent de voir régresser leur condition avec l’arrivée au pouvoir de ces islamistes.
Durant deux heures, elles ont manifesté près du palais du gouvernement. Leur action était accompagnée par des chants et des slogans. On pouvait notamment les entendre scander «dehors les rétrogrades». Plusieurs femmes ont tenu à s’exprimer sur leurs motivations. C’est le cas d’Hosnia Eloujoud, 38 ans.
«Les acquis de la femme remontent à longtemps et personne ne pourra les confisquer.»
Une dépêche de l’agence Associated Press nous livre également des témoignages très variés. Hinda Jelassi, 44 ans, nous explique les raisons de son engagement:
«Moi j'ai choisi le voile, laissez ma soeur faire son choix.[…] Je suis ici pour défendre la liberté dans l'absolu, parce que la liberté est indivisible.»
«Je me bats pour mes petits-enfants. J'ai milité pendant 50 ans et je ne veux pas que nos droits soient perdus.»
Agée de 47 ans, Ilham Barrouta a le discours le plus politique:
«La femme tunisienne qui a investi tous les domaines de la vie publique, a été de tous les combats et au premier plan dans la révolution (qui a fait chuter le régime de Ben Ali), a atteint un point de non retour.»
Selon la journaliste Sana Fahrat, cette manifestation a été organisée en réaction à des «agressions physiques et verbales» subies par trois enseignantes non voilées. Ces dernières ont été prises à parti par des «étudiants salafistes» sur le campus universitaire de Mannouba, près de Tunis et à l’institut de théologie de la capitale du pays.
Lu sur Tuniscope, El Watan, Nouvel Observateur
A lire aussi
Les Tunisiennes prêtes à défendre leurs droits
Tunisie: La fausse surprise islamique