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Un taxi dans les rues de Mogadishio. Crédit photo: AMISOM Public Information via Flickr. Domaine public.
Un taxi dans les rues de Mogadishio. Crédit photo: AMISOM Public Information via Flickr. Domaine public.

Pourquoi les Africains sont soit très riches, soit très pauvres

L'émergence d'une véritable classe moyenne tant fantasmée se fait toujours attendre sur le continent.

Pourquoi n'assiste t-on pas à l'émergence rapide d'une classe moyenne sur le continent africain? C'est une interrogation en forme d'équation dont la réponse n'est pas forcément mathématique. Comme le rappelle la revue économique britannique The Economist, la croissance moyenne sur l'ensemble du continent flirte avec les 5% sur la dernière décennie. Un taux qui est près de deux fois supérieur à la croissance démographique et qui devrait donc déboucher logiquement sur une hausse sensible du revenu par habitant. Mais la réalité ne correspond pas à la théorie.

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Selon les chiffres de l'institut statistique de l'Intelligence Unit Canback repris par The Economist, 90% des Africains vivaient toujours avec moins de 10$ par jour en 2014, une somme qui correspond au seuil d'entrée dans la classe moyenne africaine. Excepté l'Afrique du Sud, où une véritable classe moyenne en plein boom existe, la proportion d'habitants dont le revenu s'établit entre 10 et 20$ a grimpé de seulement 4,4% à 6,2% entre 2004 et 2014. Dans la même période, la classe moyenne supérieure (entre 20 et 50$ de revenu par jour) a augmenté de 1,4% à 2,3%.

«Une des raisons à cela est que la croissance économique est partagée de manière très inéquitable. Ces dernières années, les inégalités ont même augmenté plus vite que la croissance dans de nombreux pays d'Afrique», analyse The Economist.

L'extrême pauvreté a reculé

Le site d'informations économique Quartz pointait également cette profonde inégalité dans la redistribution des richesses dans un article récent. «Au niveau macro-économique nous sommes en progrès, mais la croissance ne touche pas la population au chômage ou qui vit de l'économie informelle», confiait un ancien membre du gouvernement tanzanien à Quartz«Je pense qu'il n'y a pas assez de transparence au sujet de la richesse, de qui la possède et de son évolution au fil du temps, dans le monde mais particulièrement en Afrique et en notamment en Afrique du Sud», affirmait pour sa part l'économiste français Thomais Piketty lors d'une conférence donnée récemment à Johannesburg.

Mais il y a aussi une autre raison à la lente émergence de cette middle class tant fantasmée par les multinationales. 

«La pauvreté est si profonde dans de nombreuses régions d'Afrique que même si les revenus de millions d'habitants ont doublé, ces derniers sont aujourd'hui pauvres alors qu'ils étaient avant extrêmement pauvres», note The Economist.

En Ethiopie, le nombre de personnes dont le revenu par jour est supérieur à 10$ a été multiplié par dix entre 2004 et 2014. Mais les Ethiopiens ne sont toujours que 2% à gagner cette somme ou plus par jour. «Ceux qui sont concernés par la croissance économique africaine (...) devront être patient», conclut sagement The Economist.

Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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