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A Kinshasa, le courant (artistique) passe même sans électricité
Si la pénurie d’électricité à Kinshasa (capitale de la République démocratique du Congo, RDC) en exaspère beaucoup, elle en inspire d’autres. Dans cette ville aux délestages fréquents, les adeptes du système D sont rois. Au-delà des tracas du quotidien, ils puisent dans le manque d’électricité une source de créativité.
Le groupe congolais Konono n°1 par exemple, originaire de Kinshasa et roi de la récup', amplifie ses instruments «à l’aide de micros bricolés à partir d’aimants d’alternateurs de voiture branchés sur une sono de fortune, diffusée sur d’anciens mégaphones rafistolés».
Ils seront ce 2 mars à Paris à la Gaîté Lyrique pour un concert intitulé «Détournements électrisants, extravagances sonores et frénésie dansante de Congo à Los Angeles». Ces artistes ont appris à modeler leur musique avec les moyens du bord, tâtonnant à la recherche de nouvelles sonorités notamment avec un usage détourné des éléments de leur environnement. «Ils vont produire une musique à l’image de la vie à Kinshasa: archaïque et moderne, saturée, brutale et pleine d’énergie vitale».
Et il n’y a pas qu’en musique que l’électricité inspire les Congolais. L’artiste plasticien Jean Katambayi Mukendi s’est également fait connaître par ses travaux inspirés par la technique, la mécanique et surtout l’électricité. Originaire de Lubumbashi (RDC), il a remporté le prix Découverte de la Fondation Blachère à l’occasion de la Biennale de Dak’art 2010. Le site Kër Thiossane souligne que pour Mukendi,
«l’électricité se présente comme un axe central, philosophique, technique, politique, illustrant les difficultés que l’Afrique connaît en ordre général […] A travers cet angle, il rappelle que chaque individu manipule régulièrement les dispositifs, non sans dangers, pour obtenir lumière, chaleur, télévision».
La jeune réalisatrice Clarisse Muvuba, originaire de Kolwezi (Katanga, RDC) a préféré le septième art pour dénoncer les dangers de la pénurie d’électricité. Avec le documentaire Les fils de la vie et de la mort réalisé en 2007, elle met en scène un Kinshasa gangréné par des coupures de courant incessantes.
Les habitants sont soumis à la tyrannie des fils électriques et des groupes électrogènes, mais des jeunes développent des astuces pour s’en sortir.
Lu sur Gaîté Lyrique, Kër Thiossane