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Les étudiants sud-africains font plier le gouvernement sur les frais de scolarité

Les étudiants sud-africains ont obtenu vendredi du gouvernement l'annulation de l'augmentation de leurs frais de scolarité pour l'année 2016 après plusieurs jours de manifestations qui ont paralysé le fonctionnement des universités dans tout le pays.

Dans une allocution télévisée, vendredi après-midi, le Président Jacob Zuma a annoncé qu'il n'y aurait "aucune augmentation des frais de scolarité en 2016", à l'issue d'une réunion avec les leaders de la contestation et les responsables des universités.

"Les discussions se poursuivront sur des problèmes plus larges que les frais de scolarité. De nombreux problèmes ont été soulevés et devront être suivis, comme l'éducation gratuite, l'indépendance des universités et le racisme", a-t-il poursuivi.

"J'espère que les frais vont diminuer jusqu'à ce que l'éducation soit gratuite, ce n'est qu'une première étape", a réagi Citizen Mbatha, un étudiant de 22 ans. 

Le Président devait s'adresser directement à la foule mais le rassemblement a dégénéré lorsque quelques étudiants parmi les milliers qui manifestaient devant le siège du gouvernement où se tenait la réunion ont jeté des pierres sur la police et brûlé des toilettes mobiles.

La police a dispersé les fauteurs de troubles avec des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes.

Après le discours, malgré la joie suscitée par l'annonce, le chaos régnait devant le siège du gouvernement, les étudiants étant littéralement chassés par la police à coups de flashball et de gaz lacrymogènes. 

"Ce n'est vraiment pas juste, pourquoi la police nous tire dessus? Je ne me sens pas en sécurité alors que je me bats pour mes droits", explique Citizen Mbatha. 

"Je n'ai jamais été violent, jamais lancé une seule pierre. Ce que je veux c'est aller étudier, l'éducation est la clé", affirmait de son côté Phineas Masigo, un étudiant en sciences de 24 ans qui manifeste depuis trois jours.

 

-'Former les leaders de demain' -

 

Plus tôt dans la matinée, les manifestants des différentes universités de Pretoria et Johannesburg avaient défilé sans incident dans les rues de la capitale sud-africaine pour rejoindre Union Buildings, où présence policière avait été renforcée. 

"Les gens doivent savoir que nous nous battons pour nos droits, pour une éducation gratuite", avait expliqué Nosi Makab, 20 ans, étudiant dans la capitale sud-africaine. 

"L'Afrique du Sud doit investir davantage dans l'éducation pour former ses leaders de demain", avait déclaré Kgotsi Genge, un étudiant de 22 ans de l'université de Pretoria.

Mercredi, des heurts entre étudiants et police anti-émeutes avaient éclaté devant le Parlement sud-africain au Cap. La police avait déjà dispersé les manifestants à coups de grenades assourdissantes. 

Les étudiants ont commencé à manifester la semaine dernière pour protester à travers tout le pays contre l'augmentation des frais de scolarité qui empêchera, selon eux, les plus pauvres d'accéder à l'enseignement supérieur. 

Ils dénoncent plus généralement le manque d'opportunités dans un pays où la moitié des jeunes est au chômage.

"C'est une crise de légitimité pour l'ANC, exactement là où ils ne la souhaitent pas, parmi la jeunesse, et particulièrement étudiants des universités", estime Nick Borain, un analyste politique indépendant interrogé par l'AFP. 

"Je pense qu'il est clair que ce mouvement étudiant est devenu un mouvement critique du gouvernement", au delà de la question des frais, a-t-il ajouté.

L'augmentation des frais de scolarité prévue était variable selon les universités : au Witwatersrand à Johannesburg, 10,5% d'augmentation étaient par exemple prévus alors que l'année universitaire coûte entre 29.620 rands (1.930 euros) et 58.140 rands (3.800 euros), sans compter le logement ou les fournitures.

Ces sommes rendent les universités inaccessibles pour une majorité de Sud-Africains, le revenu mensuel moyen d'un salarié ne dépassant pas 14.700 rands (979 euros) et plus d'un quart de la population étant sans emploi.

Les manifestations estudiantines ont une forte résonance en Afrique du Sud où les émeutes de Soweto contre l'enseignement en afrikaans avaient été brutalement réprimées par le gouvernement de l'apartheid en 1976.

AFP

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