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Tanzanie - Le préservatif prescrit par l'islam à Zanzibar
Alors que les récentes élections en Tunisie ont suscité de nouvelles inquiétudes sur les libertés de la femme dans le pays, à la suite de la percée du parti islamiste Ennahda, au Zanzibar, un groupe de religieux musulmans est en train de mener une petite révolution.
Sur cette île de Tanzanie, médecins et religieux musulmans ont décidé de travailler main dans la main pour faire évoluer les mentalités concernant les moyens de contraception. Pour eux, rien n’interdit dans le Coran d’utiliser les moyens contraceptifs modernes. Mieux, ils affirment que le Livre Saint de l'islam l’autorise. Zuberi Muhudin, à la fois secrétaire de l’Association des imams du Zanzibar et du Zanzibar Interfaith Association for Development and Aids (Ziada) a expliqué au Guardian de Londres:
«Bien que le Coran ait plus de 1.400 ans, il est toujours d’actualité. Les versets peuvent être interprétés selon les époques».
Selon lui, que dit alors le Coran sur les moyens de contraception? Que l’utilisation de préservatifs n’a rien d’un péché et qu’il est même conseillé pour la santé de la femme et du bébé.
«Chapitre deux, verset 233, il est dit que la femme qui vient de mettre un enfant au monde doit l’allaiter pendant deux ans» affirme Zuberi Muhudin. «Le Coran sous-entend donc un laps de temps minimum de trois ans entre les deux grossesses et de cette façon, approuve ces moyens modernes de contraception» poursuit-il.
Sur l'île de Zanzibar qui compte déjà 1,2 million de personnes et où la population augmente de 3% par an avec en moyenne cinq enfants par femme, les autorités qui sont confrontées à un problème de surpeuplement, souligne le journal tanzanien Daily News. Ainsi elles ne peuvent que voir d’un bon œil cette nouvelle prise de position de la part des religieux. Mais attention tout de même. Seuls les médecins musulmans peuvent délivrer dans des hôpitaux ces moyens de contraception modernes. Pas question d’en distribuer librement. Reste qu'il s’agit là d’un bon moyen de limiter le surpeuplement donc mais aussi d’endiguer la menace du sida, qui fait toujours rage sur le continent africain.
Une sexualité qui permet à la femme de décider conjointement avec son mari de la possibilité d’avoir ou non un enfant et qui, du même coup limite les grossesses, ce n’est pas Felister Mayala Bwana, en charge du programme national de santé en Tanzanie pour les Nations unies, qui s’opposera à un tel discours. Car l’enjeu de son programme est d’atteindre d’ici 2015 un taux de 60% de femmes utilisant ces nouveaux moyens de contraception. Déjà une petite victoire pour lui et ses collègues religieux puisque ces quatre dernières années, l’utilisation de moyens de contraception est passé de 9% à 13% au Zanzibar.
Lu sur Daily News, The Guardian
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