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En Côte d'Ivoire, le matraquage publicitaire du candidat Ouattara
Avant le scrutin présidentiel, organisé dimanche 25 octobre, le président sortant s'affiche partout dans les médias.
Dimanche 25 octobre, les Ivoiriens voteront pour leur nouveau président. Mais au pays des «élephants», les électeurs vont très sûrement fabriqués du neuf avec de l'ancien. Car parmi les huit candidats au scrutin présidentiel, un seul fait figure de grandissime favori: Alassane Dramane Ouattara («ADO» pour les intimes), le président sortant, qui remet son siège en jeu quatre ans après son accession au pouvoir en 2011. Une consécration qui avait mis fin à une violente crise post-électorale et éloignée définitivement Laurent Gbagbo, son prédécesseur, de la scène politique.
Lors du scrutin dimanche, les électeurs auront quelques raisons objectives de mettre le bulletin d'«ADO» dans l'urne plutôt qu'un autre. Le premier argument est économique: depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition du RHDP, la Côte d'Ivoire affiche une forte croissance. Les prévisions du FMI font état d'une envolée de 8% du PIB en 2015. La croissance était déjà de 8,5% en 2014 et 8% en 2013. Le deuxième argument est politique: la coalition du RHDP fait face à une opposition morcelée et si Ouattara ne fait pas l'unanimité dans le pays - ses détracteurs lui reprochent notamment un processus judiciaire biaisé sur la crise post-électorale de l'hiver 2010/2011 -, il devrait mathématiquement remporter haut la main cette élection présidentielle.
De la publicité partout
Mais surtout, «ADO» s'affiche partout dans le pays lors de cette campagne présidentielle. Un avantage et une omniprésence médiatique que ses sept adversaires lui reprochent.
«Autour de la ville (d'Abidjan), il y a des centaines de panneaux sur lesquels s'affichent des publicités de campagne qui brillent de mille feux, mais elles sont quasiment toutes en faveur du président sortant Alassane Dramane Ouattara. Ornées des couleurs nationales que sont le orange, le blanc et le vert, ces publicités envoient un puissant message au peuple ivoirien pour signifier que le vote en faveur de Ouattara est un vote en faveur du pays tout entier», analyse le site African Arguments.
Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Jeune Afrique, le candidat indépendant Kacou Gbango dénonce cette omniprésence d'«ADO»:
«Tous les salariés du secteur public sont sous l’emprise du gouvernement. Toute critique peut entraîner la perte de son emploi. Cela explique pourquoi tout le secteur public a pu être réquisitionné pour faire la campagne du président Alassane Ouattara.»
Sans reprendre les accusations de Kacou Gbango, il est facile d'observer qu'«ADO» dispose d'un budget de campagne supérieur à celui de ses adversaires. À titre d'exemple, voilà à quoi ressemblaient les pages d'accueil des principaux sites d'informations ivoiriens mardi 20 octobre: elles affichaient toutes des publicités de campagnes diffusées par l'équipe de Ouattara.
La «home» du site Koaci.com, mardi 20 octobre:
La «home» du site abidjan.net, le 20 octobre:
La «home» du site connectionivoirienne.net, le 20 octobre:
Un panorama médiatique qui résume bien la différence de moyens entre «ADO» et ses adversaires dans cette campagne présidentielle, qui n'est de ce point de vue pas très équitable.