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Dix footballeurs érythréens demandent asile au Botswana après un match avec la sélection
Les joueurs ont fait défection et refusent de rentrer en Érythrée, où la dictature fait fuir des centaines de milliers de personnes.
La défection de 10 joueurs de l'équipe nationale d'Erythrée qui disputait un match éliminatoire de la Coupe du monde 2018 au Botswana mercredi 14 octobre, n'est pas une première. Ces dernières années, de nombreux footballeurs du pays d'Issayas Afewerki ont profité de déplacement à l'étranger pour fuir et faire une demande d'asile. Comme le rappelle le quotidien britannique The Guardian, des Erythréens avaient déjà fait défection lors d'un match au Kenya en 2009, en Tanzanie en 2011 et en Ouganda en 2012.
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Ce mercredi 14 octobre, les 10 joueurs en question ont refusé de monter dans l'avion qui devait les ramener en Erythrée et ont été arrêtés par la police du Botswana, rapporte Reuters. Un membre du Mouvement érythréen pour la démocratie et les droits de l'homme (EMDHR) a été dépêché au Botswana pour assister les joueurs.
«J'ai été engagé par le mouvement pour assister et aider les joueurs à rester dans le pays après qu'ils aient reçu l'information que le Botswana pourrait les renvoyer de force en Erythrée», a déclaré le représentant de cette organisation de l'opposition érythréenne en exil.
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L'Erythrée est une dictature coupée du monde où les atteintes aux droits de l'homme sont très nombreuses, selon la communauté internationale et de nombreuses ONG. Le 8 juin, les Nations unies avaient publié une vaste enquête réalisée, dans, et à l'extérieur du pays et qui pointait avec des détails extrêmement précis, le terrible système de surveillance mis au point par le pouvoir central pour contrôler les faits et gestes de chacun de ses citoyens.
«Il est significatif de constater que les joueurs qui ont choisi de ne pas retourner en Erythrée sont précisément ceux qui y vivent. Les 14 autres membres de la délégation, notamment les joueurs, ont insisté pour dire qu’ils n’avaient aucun problème à retourner à Asmara, car ils sont sous contrat avec des clubs européens», écrit sur son blog Léonard Vincent, auteur de l'ouvrage Les Erythréens.
Des milliers de réfugiés érythréens tentent chaque année de rejoindre l'Europe via la Méditerranée. Nous vous le racontions dans plusieurs papiers, ici ou ici.