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Des électeurs votent dans un autobus laissé à l'abandon à COnakry, le 11 octobre 2015. Photo: AFP/Cellou Binani
Des électeurs votent dans un autobus laissé à l'abandon à COnakry, le 11 octobre 2015. Photo: AFP/Cellou Binani

Dans la banlieue de Conakry en Guinée, on vote dans un bus à l'abandon

Un bureau de vote qui symbolise la mauvaise organisation du scrutin présidentiel.

C'est un bureau de vote pas comme les autres. De longues files d'électeurs se pressent dans la banlieue de Conakry pour monter dans un bus à l'abandon. Pas pour se déplacer, en ce dimanche de présidentielle où la circulation est restreinte, mais pour exprimer leur suffrage dans ce bureau de vote improvisé.

C'est dans cette voie de garage, où pourrissent des véhicules hors d'usage, qu'ont échoué 476 électeurs de Ratoma, dans la banlieue de Conakry, fief de l'opposition guinéenne, après avoir été ballottés de bureau de vote en bureau de vote. Assis à terre, adossé à un de ces véhicules, un jeune électeur, en maillot du FC Barcelone, fulmine: "Je suis là depuis 06h00, incapable de trouver où voter"

"On a changé de bureau de vote à deux reprises", raconte-t-il, "chaque fois ils nous disent que ce n'est pas bon" pour accueillir les électeurs.

"C'est ainsi qu'ils nous ont envoyés dans ce gros bus. C'est honteux. Regardez, on dirait une cachette pour les bandits. Tous les médias viennent nous filmer", s'indigne le jeune homme, qui ne veut donner que son nom de famille, Diallo. Garé au fond de la cour d'une école, le bus, reconverti en bureau de vote n°6, garde encore ses fenêtres et ses deux portes servent à l'entrée et la sortie des électeurs, qui ont commencé à voter avec plus de deux heures de retard.

A l'intérieur, il n'y a pas de place pour grand monde. En plus des assesseurs, seuls deux électeurs à la fois peuvent entrer. Pendant que l'un vote au fond derrière un drap tendu en guise d'isoloir, un autre accomplit les formalités à l'entrée. 

"En Guinée, on voit tout. Comment peut-on nous envoyer dans ce gros bus alors qu'il y a des salles de classe disponibles?", s'insurge une femme voilée portant le même patronyme, Diallo. 

"Mon problème est de savoir si notre vote sera validé", précise-t-elle, assise sur le capot d'un autre bus. Sous une forte chaleur, un autre jeune crie sa colère. "S'ils nous ont envoyés ici, c'est parce qu'ils veulent tricher. Regardez, il n'y a pas de forces de l'ordre, chacun fait ce qu'il veut. C'est du n'importe quoi!".

Des pupitres font offices d'isoloir

Hommes et femmes sont répartis en deux files d'attente, d'où monte une exaspération croissante. Lorsque les membres du bureau de vote sont arrivés dans l'école voisine où devait se tenir le scrutin, ils ont trouvé les salles de classe fermées, a expliqué à l'AFP Daouda Mohamed Souaré, le président du bureau.

"Donc, puisque les électeurs étaient mobilisés, on était obligés de s'arranger et finalement on est venu trouver ce bus", se justifie-t-il.

Un peu plus loin, dans le quartier de Dixinn, où habite le chef de file de l'opposition Cellou Dalein Diallo, c'est dans une station-service que les électeurs remplissent leur devoir civique. Au bureau de vote de M. Diallo, également en plein air, hommes et femmes en deux lignes distinctes attendent patiemment de pouvoir passer derrière deux pupitres à haut dossier qui font office d'isoloir. 

Un peu partout, indépendamment du site retenu, la fastidieuse recherche de chaque électeur sur la liste par les membres des bureaux de vote retarde considérablement les opérations. "Les listes dont ils disposent ne comportent pas d'ordre logique, ni alphabétique, ni numérique", a expliqué à la presse le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne, Frank Engel.

"Ce qui fait que chaque électeur doit être retrouvé quelque part dans la liasse de feuilles dont dispose le bureau de vote, ça peut prendre du temps, hélas", a-t-il reconnu, appelant les citoyens à s'armer de patience.

Slate Afrique avec AFP

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