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Et si la France regrettait toujours Ben Ali?

La France aurait-elle une dent contre la Tunisie post Ben Ali? C’est en tout cas l’impression donnée par les différentes réactions françaises au lendemain des élections à l'Assemblée constituante.

«La France a été mesquine vis-à-vis de la Tunisie qui accouche d’une démocratie. Son ministre des Affaires Étrangères, Alain Juppé, a certes salué “le bon déroulement des premières élections libres en Tunisie”, mais il n’est pas allé au-delà. Pas un mot pour féliciter les vainqueurs à commencer par les islamistes d’Ennahda», note Ignacio Cembrero dans un blog du quotidien espagnol El Pais.

Le ton vigilant des autorités françaises n’est pas très apprécié outre Méditerranée. Au lendemain des résultats des élections législatives Bernard Valero, le porte-parole du Quai d’Orsay, s’est refusé à commenter les résultats officiels des élections. Une non-réaction qui traduit beaucoup de chose selon le journaliste espagnol.

La victoire du parti islamiste Ennahdha ne doit pas cacher la victoire d’une expérience démocratique, celle d’une élection universelle, démocratique, comme les Tunisiens n’en n’avaient pas vécu depuis longtemps.

«Il faut être bon prince et se réjouir du démarrage de cette expérience démocratique en Afrique du Nord, manifester sa volonté de l’épauler, de travailler main dans la main avec les nouveaux représentants du peuple tunisien», ajoute Ignacio Cembrero.

Cette vigilance à l’égard de la Tunisie, la France ne l’avait pas sous l’ère Ben Ali. Il y faisait bon vivre. De nombreux Tunisiens se souviennent encore de la proposition de Michèle Alliot Marie, alors que la rue tunisienne se soulevait contre Ben Ali et le système policier et corrompu qui avait trop duré.

La ministre des Affaires étrangères de l'époque  avait fait la promotion le 11 janvier dernier, trois jours avant la chute du dictateur, «du savoir faire des forces de sécurité [françaises] reconnu dans le monde entier». Cette aide aurait pu permettre, selon la ministre, de «régler des situations sécuritaires de ce type», rapporte le journaliste espagnol.

«La réaction de l’ancienne puissance coloniale en Tunisie contraste aussi avec celle de ses partenaires européens. Tous, à commencer par Berlin ou Rome, se sont empressés de se réjouir de la tenue d’élections libres», observe Ignacio Cambero.

Ne parlons pas des déclarations américaines vantant la démocratie tunisienne. Islamiste ou pas, cela ne semble pas faire peur à l’administration américaine, qui souhaite maintenir la Tunisie dans son ère d’influence politique, comme cela fut le cas sous la présidence de Ben Ali.

Lu sur El Pais

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