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Des manifestants protestent contre le projet de sortie de crise de la Cedeao à Ouagadougou le 20 septembre. Photo: REUTERS/Joe P
Des manifestants protestent contre le projet de sortie de crise de la Cedeao à Ouagadougou le 20 septembre. Photo: REUTERS/Joe P

Au Burkina Faso, les opposants au projet de sortie de crise sont nombreux

Les négociations sont toujours en cours entre les putschistes, la Cédéao et la classe politique burkinabé.

Le projet de sortie de crise au Burkina Faso présenté par la médiation ouest-africaine suscitait lundi 21 septembre l'indignation de la société civile et d'une partie de la population, opposées à l'amnistie des putschistes et à la participation de candidats pro-Compaoré aux prochaines élections.

Dès dimanche soir, Me Guy-Hervé Kam, le porte-parole du Balai Citoyen, en pointe dans le soulèvement populaire contre Blaise Compaoré en 2014, jugeait "honteux" le projet avancé par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), une réaction qui trouvait un écho dans les rues de la capitale burkinabé. Elaboré à l'issue de trois jours de médiation-marathon à Ouagadougou, le projet d'accord sera soumis mardi au fert vert de la Cédéao lors d'un sommet extraordinaire à Abuja.

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Le texte, articulé en 12 points, propose le maintien des élections législatives et présidentielle au Burkina, au plus tard le 22 novembre - elles étaient initialement prévues le 11 octobre -, mais surtout la participation des candidats pro-Compaoré, invalidés ces derniers mois suite à une loi votée par l'Assemblée intérimaire. C'était la principale revendication des auteurs du coup d'Etat militaire du 17 septembre, menés par le général Gilbert Diendéré.

Parmi les autres points figurent la "restauration des institutions de la transition et du président Kafando" et la "libération sans condition de toutes les personnes détenues suite aux événements".

Le sort du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l'origine du coup d'Etat, est quant à lui "laissé à l'appréciation du président issu des prochaines élections". Depuis plusieurs mois, la société civile réclame la dissolution de cette troupe forte de 1.300 hommes. Le RSP, unité d'élite de l'armée dirigée par le général Diendéré, un très proche de Blaise Compaoré, a pris le pouvoir en accusant les autorités d'avoir dévoyé le régime de transition post-Compaoré, notamment en excluant les partisans de l'ex-homme fort des prochaines élections.

Le président sénégalais Macky Sall mène les négociations. Photo: REUTERS/Joe Penney

"On va tout barricader"

Lundi matin, des habitants de Ouagadougou qui faisaient la queue pour acheter des unités d'électricité à l'agence principale de la compagnie nationale, la Sonabel, se montraient très critiques et promettaient de nouvelles manifestations.

"On n'a plus confiance dans la Cédéao. On veut sortir (dans la rue), prendre notre destin en mains. Les corps (des manifestants tués) ne sont même pas enterrés et on amnistie. On va tout barricader", a déclaré à l'AFP Adama Traoré, un agent de bureau d'une trentaine d'années. Selon un dernier bilan hospitalier samedi, les violences qui ont accompagné le coup d'Etat ont fait au moins 10 morts et 113 blessés.

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Dans la capitale, les magasins étaient ouverts et des centaines de moto-taxis circulaient dans le centre-ville. Mais l'accès à internet dans ce pays sahélien de 17 millions d'habitants, était quasi-inaccessible et plusieurs réseaux de téléphonie mobile étaient coupés. Les appels à manifester via les réseaux sociaux avaient joué un rôle prépondérant dans l'organisation du soulèvement populaire qui avait mis fin aux 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, fin 2014.

L'appel au calme de Macky Sall

"Ils essaient d'empêcher les gens de communiquer", commentait Issouf Ouédraogo, 25 ans, critiquant lui aussi l'impunité promise aux putschistes, qui n'ont pas hésité à tirer sur la foule: "Les décédés, c'est cadeau".

Un autre habitant de la capitale, Dieudonné, interrogé par l'AFP, se montrait plus nuancé: "L'amnistie n'est pas une bonne chose mais l'inclusion des candidats CDP (parti de Blaise Compaoré), pourquoi pas? Il faut qu'il y ait un accord. Ils n'ont qu'à les laisser se présenter et que le meilleur gagne". Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a lancé dimanche "un appel pressant au calme et à la non-violence": "N'allumons pas un feu que nous ne pourrons pas éteindre", a mis en garde le chef d'Etat.

Le Burkina Faso a connu depuis son indépendance en 1960 de nombreux coups d'État militaires. Le général Diendéré avait joué un rôle clé dans le putsch de 1987 qui avait porté au pouvoir Blaise Compaoré et s'était soldé par la mort du président Thomas Sankara.

Slate Afrique avec AFP

Slate Afrique avec AFP

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