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Après leurs victoires, les athlètes kényans investissent leurs primes dans l'immobilier
C'est une vraie tradition dans la vallée du grand rift, là d'où viennent les meilleurs coureurs kényans.
Les athlètes kényans ont écrasé de leur talent la piste du Nid d'oiseau de Pékin, le stade où se déroulait les championnats du monde 2015 d'athlétisme, en décrochant sept médailles d'or. Une moisson exceptionnelle qui a permis au Kenya de finir en tête du classement des médailles pour la première fois de son histoire. Si des affaires de dopage entachent les performances des Kényans - deux athlètes de la délégation ont été contrôlés positifs et des performances passées sont entourées de soupçons -, le pays de la Corne de l'Afrique a vécu un triomphe en Chine.
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De retour d'Asie, les vainqueurs et médaillés de Pékin (quinze au total) seront vénérés par une population qui tient les coureurs de demi-fond et de fond en héros. C'est le sport national au Kenya et dans la région d'Eldoret, sur les haut plateaux, des dizaines de camps d'entraînement abritent des centaines de coureurs qui rêvent d'imiter leurs aînés. Et sur les vertes et luxuriantes collines qui s'élèvent à plus de 2.000 mètres d'altitude, le symbole de la réussite est de posséder une spacieuse maison en dur construite avec l'argent des primes gagnées en compétition. Tous les jours à l'entraînement, les champions en herbe croisent les villas des grands champions kényans.
Bientôt une tour au nom de Rudisha?
Moi-même lors d'un voyage à Iten, le «village des champions» qui se situe à quelques kilomètres de la ville d'Eldoret, j'ai participé à un footing - à basse allure - avec des athlètes kényans à l'entraînement. Sur les chemins tracés dans la terre rouge, la sortie avait vite pris des allures de visite immobilière avec à chaque tournant des coureurs qui pointaient du doigt au fond d'un champ, la maison construite par telle ou telle ancienne gloire du marathon. Mais dans ces constructions, rien de bling-bling ou de tape à l'oeil, juste le luxe de pouvoir y accueillir sa famille au grand complet.
Cependant, comme l'explique le quotidien kényan Daily Nation, de plus en plus de champions investissent ces dernières années dans des projets immobiliers de plus grande ampleur dans le centre d'Eldoret, une ville en plein boom qui est l'épicentre de la région.
«Une majorité des bâtiments modernes de la ville portent les noms de villes ou de célèbres courses internationales qui rappellent aux propriétaires leurs propres victoires, écrit le Daily Nation. Par exemple, vous pouvez admirez le Rotterdam Centre, comme le GrandPri Hotel ou le Johannesburg Plaza. Dans le quartier des affaires, il y a au moins 20 centres bâtiments commerciaux qui appartiennent à des athlètes originaires de la région.»
Au milieu de ces dizaines de constructions, on retrouve notamment les noms de Kipchoge Keino, le premier kényan à avoir remporté l'or olympique aux JO de 1968 qui détient le Kip Keino Sports House, ou celui de Fred Kiprop, vainqeur du marathon d'Amsterdam en 1999 et propriétaire du bâtiment Kirem Arcade.
D'ici quelques années, une tour Rudisha, du nom du champion du monde et champion olympique du 800m qui s'entraîne dans la région, s'élèvera peut-être à son tour dans le quartier des affaires d'Eldoret.