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Crainte d'une contagion islamiste au Maghreb

L’expérience démocratique en Tunisie a tourné «au cauchemar», selon le quotidien algérien Liberté, connu pour son hostilité aux islamistes. Pour le journal, la victoire des islamistes d’Ennahda présage un «inquiétant scénario politique». Des résultats préoccupants pour la Tunisie, mais aussi pour les pays voisins, car l’élection de l’Assemblée constituante tunisienne représente un «laboratoire» pour les autres pays arabes où le vent démocratique a soufflé depuis le début de l’année 2010.

Le parti de Rached Ghannouchi a raflé 41% des suffrages, soit 90 sièges sur les 217 à pourvoir, selon les résultats officiels préliminaires. Dans son éditorial du 27 octobre, Liberté affirme que le résultat de «l’élection pilote» du pays qui a déclenché le printemps arabe en décembre 2010 fragilise le «processus de démocratisation arabe» car l’islamisme pourrait se propager. Pour l’auteur, le verdict est sans appel:

«La Tunisie a basculé avec armes et bagages dans les bras du fondamentalisme. Un point c’est tout (…) Si les islamistes gagnent en Tunisie, le pays qui était censé avoir le plus d’anticorps, qu’en sera-t-il alors avec les Frères musulmans en Égypte ou les salafistes en Libye? Des États théocratiques sont en train de naître au Maghreb, tranquillement, à un jet de pierre de l’Europe et qui ne ressembleront pas au ‘modèle turc’.»

L’auteur reproche aux observateurs européens de s'être voilés la face, en percevant cette élection comme un «laboratoire démocratique» et en minimisant le radicalisme d’Ennahda:

«Les apprentis-sorciers européens et américains ne s’imaginaient pas l’ampleur de la débâcle de la démocratie tunisienne», écrit l’éditorialiste.

Les prises de positions récentes de Rached Ghannouchi sur la langue française comme menace pour la culture arabe pourraient bien rendre leur lucidité aux Européens, en particulier aux Français. En effet, le patron d’Ennahda a déclaré le 26 octobre à la radio Express FM: 

«Notre langue, c'est la langue arabe. On est devenu franco-arabe, c'est de la pollution linguistique».

Lu sur Liberté, Western Culturel

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