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Sur la plage de l'Imperial Marhaba, hôtel attaqué à Sousse, en Tunisie, le 28 juin 2015. REUTERS/Zohra Bensemra
Sur la plage de l'Imperial Marhaba, hôtel attaqué à Sousse, en Tunisie, le 28 juin 2015. REUTERS/Zohra Bensemra

Pourquoi tant de terroristes ont des diplômes d'ingénieur

Les ingénieurs sont souvent «très conservateurs» et «profondément religieux».

Cet article a d'abord été publié en 2010 sur Slate.fr qui l'a mis à jour en l'adaptant, à la suite de l'attentat à Sousse, en Tunisie.

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Seifeddine Rezgui, l'homme de 23 ans qui a abattu 38 personnes sur une plage de Sousse, en Tunisie, était en master d'ingénierie électrique. C'est un exemple de plus d'individu radicalisé venant de cette discipline. En janvier dernier, le site Tunisie Numérique rapportait l'arrestation d'un étudiant en ingénierie pour «appartenance à un groupe terroriste»

En septembre 2014, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne confirmait l'interdiction faite à un ingénieur musulman d'accéder aux centrales nucléaires, soupçonné de s'être radicalisé et d'entretenir des liens «avec un groupe terroriste jihadiste». Anwar al-Awlaki, l'Américain qui a formé les frères Kouachi au djihadn avant d'être tué en 2011 par un drone américain, avait suivi des études d'ingénieur aux Etats-Unis. Tamerlan Tsarnaev, frère de Djokar Tsarnaev, co-auteur des attentats de Boston, voulait également devenir ingénieur...

À lire aussi: La page Facebook du tueur de Sousse comportait des signes de radicalisation

Sans compter les cerveaux des attentats du 11 Septembre: Mohamed Atta, qui était ingénieur en architecture, et Khalid Sheikh Mohamed, qui avait un diplôme en génie mécanique. Deux des trois fondateurs de Lashkar-e-Taiba, le groupe soupçonné d'être derrière les attentats de Bombay, enseignaient à l'université d'ingénierie et de technologie de Lahore.

La construction d'immeubles et de ponts, activité concrète s'il en est, semble pourtant enracinée dans les principes laïques de la science...

Un article publié en 2010 par deux sociologues, Diego Gambetta et Steffen Hertog, vient compléter nos observations par des preuves empiriques. Ces chercheurs se sont penchés sur les cas de plus de 400 terroristes islamistes radicaux de plus de 30 pays du Moyen-Orient et d'Afrique, nés pour la plupart entre les années 1950 et les années 1970.

Tout simplement, un métier populaire

Si des études antérieures avaient montré que les terroristes sont souvent plus riches et plus instruits que leurs compatriotes, Gambetta et Hertog ont quant à eux découvert que les ingénieurs sont trois à quatre fois plus susceptibles de devenir de violents terroristes que leurs pairs des domaines de la finance, de la médecine ou des sciences. Le deuxième cursus le plus radicalisant, loin derrière, est celui des études islamiques.

Pourquoi tous ces terroristes ingénieurs? L'explication la plus simple est que l'ingénierie se trouve être un domaine d'étude particulièrement populaire dans les pays qui produisent des radicaux violents. Or, en prenant en compte la proportion d'inscriptions dans les écoles d'ingénieur selon les pays, Gambetta et Hertog ont trouvé le même genre de chiffres partout. En effet, près de 60% des terroristes islamiques nés ou ayant grandi en Occident ont eux aussi fait des études d'ingénieur.

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Peut-être les ingénieurs possèdent-ils les capacités techniques et le savoir-faire en architecture qui en font des recrues de choix pour les organisations terroristes? En fait, la dernière étude a montré que les ingénieurs ont autant de chances de tenir des rôles de chefs dans ces organisations que de travailler en contact direct avec des explosifs.

Dans tous les cas, leur expertise technique peut ne pas s'avérer si utile que cela, dans la mesure où la plupart des méthodes utilisées lors d'attentats terroristes sont rudimentaires. Certes, huit des vingt-cinq pirates de l'air du 11-Septembre étaient ingénieurs, mais c'est leur dextérité dans le maniement du cutter et leur passage à l'école d'aviation, et non des diplômes compliqués, qui leur ont le plus servi.

Lire la suite de l'article sur Slate.fr

Slate.fr

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