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Le Rwanda proteste contre l'arrestation d'un de ses généraux à Londres
Le chef des services de renseignement rwandais a été arrêté samedi 20 juin suite à un mandat d'arrêt émis par la justice espagnole.
Karenzi Karake, le directeur général des services de renseignement rwandais a été arrêté pour crimes de guerre contre des civils à Londres a annoncé la police locale lundi 22 juin en soirée, rapporte le quotidien britannique The Guardian. Un mandat européen d'arrestation avait été émis par les autorités espagnoles et Karenzi Karake a été interpellé à l'aéroport de Londres samedi 20 juin alors qu'il s'apprêtait à quitter le Royaume-Uni. Le général rwandais sera de nouveau présenté à un tribunal jeudi, alors qu'il est déjà apparu devant les magistrats de la cour de Webminster samedi, quelques heures après son arrestation.
Karake a été accusé par un juge espagnol d'avoir perpétré des crimes de guerre contre des civils dans les années suivantes du génocide de 1994. Il est notamment soupçonné d'avoir ordonné des massacres lorsqu'il était à la tête du service de renseignement rwandais entre 1994 et 1997, dont le meurtre de trois espagnols travaillant pour l'ONG Médecins du Monde. Il est l'un des 40 actuels ou anciens généraux rwandais visés dans cette enquête.
"Une insulte à notre conscience collective"
Karake est l'un des dirigeants du Front patriotique rwandais, le parti au pouvoir dans le pays. D’après l’avocat des parties plaignantes en Espagne, les services d’Interpol en Grande-Bretagne se sont tournés vers Interpol Espagne pour vérifier que les mandats d’arrêt internationaux étaient toujours actifs, ce que leur a confirmé le juge espagnol.
Mais au Rwanda, l'argument judiciaire ne passe comme le rapporte ce journaliste kényan sur Twitter.
Rwandan spy chief Karake arrested in London over 'war crimes', Kigali says it's 'lunacy' http://t.co/MGrlVwwOXK
— Charles Onyango-Obbo (@cobbo3) June 23, 2015
«Le chef des services de renseignement rwandais a été arrêté à Londres pour crimes de guerre. Kigali affirme que c'est de la folie.»
L'Espagne souhaite un procès équitable
"Nous sommes en train de discuter du sujet avec le gouvernement britannique", a confié le ministre de la Justice rwandais, Johnston Busingye, au New York Times. "Nous contesterons cela en justice. Nous attendons des explications de la du Royaume-Uni", a t-il ajouté. L'ambassadeur du Rwanda à Londres, William Nkurunziza, a dit à la BBC que les charges retenues par l'Espagne contre Karake étaient "politiques". "Emettre l'hypothèse que nos 40 leaders recherchés par Interpol soient coupables de crimes de guerre est une insulte à notre conscience collective", a-t-il ajouté.
L'avocat espagnol, qui représente les Espagnols tués au Rwanda dans un massacre, a lui déclaré à la BBC lundi 22 juin: "nous espérons au nom des victimes que Karake sera présenté devant une cour espagnole pour avoir un procès équitable et juste, où il pourra se défendre. Nous espérons aussi que les intérêts politiques ne neutraliserons pas la justice."
Lu sur New York Times, BBC, The Guardian