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Afrique du Sud - La plus vieille eau du monde n'est pas potable

Il ne faut pas les boire; l’une est la plus vieille du monde, l’autre est toxique: les eaux du bassin minier de Witwatersrand en Afrique du Sud n’en finissent pas de susciter la curiosité et l’inquiétude.

Découvert au XIXe siècle, le site environne Johannesburg, la capitale économique du pays. Il reste inscrit dans l’Histoire comme un des lieux phares de la ruée vers l’or. En abandonnant les mines dans les années 1970, les industriels ont légué un site naturel plein de bonnes —mais aussi de mauvaises— surprises.

La bonne nouvelle c’est que, comme le rapporte le site américain Science Daily, la plus vieille eau du monde y a été découverte récemment dans une crevasse de trois kilomètres de profondeur.

C’est en décelant la présence d’un gaz rare dans l’eau, le néon, que des scientifiques de l’Université de Toronto (Canada) ont pu déterminer la datation. Barbara Sherwood Lollard a dirigé l’étude. Elle explique au Science Daily:

«Nous savons que cette composition chimique particulière (l’isotope du néon) a été créée et préservée dans la roche il y a au moins deux milliards d’année. Nous pouvons encore en trouver ici aujourd’hui.

L’étude a mis en évidence la présence de néon à l’extérieur de la roche minérale, peu à peu dissout et accumulé dans les eaux des crevasses. Ceci n’arrive que dans les eaux qui n’ont pas de contact avec la surface depuis de longue période.»

En conséquence de quoi, ces scientifiques datent l’eau de cette crevasse à des milliers, voire des millions d’années.

La mauvaise nouvelle c’est que ces eaux du Witwatersrand, très salées, radioactives et composées de métaux nocifs pour la santé, menacent de pollution les nappes d'eau potable qui approvisionnent la région.

Les eaux des puits ont été polluées à cause de l’activité d’extraction d’or et d’uranium. Selon un rapport du ministère des Eaux relayé par le site britannique BBC News, ces eaux acides pourraient se répandre dans les nappes phréatiques d’ici 2012.

Or, Johannesburg est la ville la plus peuplée du pays. Si les eaux souterraines qui l’approvisionnent étaient contaminées, les conséquences seraient graves. Selon le rapport, l’agriculture en pâtirait durement aussi.

Une opération de grande envergure pour drainer les bassins a été lancée, non sans susciter la polémique. En effet, selon le journal sud-africain Times Live, 225 millions de rand (environ 234 millions d’euros) ont été alloués par le gouvernement pour endiguer et pomper les eaux toxiques —malgré le mécontentement de certains de voir l'argent des contribuables financer des dégâts causés par des compagnies industrielles privées.

Lu sur Science Daily, BBC News