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Pourquoi Boko Haram se cache sûrement derrière l'attentat de N'Djamena
Le mode opératoire est celui de l'organisation terroriste.
La double attaque à la bombe qui a provoqué lundi 15 juin la mort d'au moins 24 personnes à N'Djamena, la capitale du Tchad, n'a pas été revendiquée. Mais le gouvernement nigérien, comme le président français François Hollande, a déjà pointé du doigt Boko Haram, le groupe terroriste nigérian qui a prêté allégeance à l'Etat islamique.
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"Boka Haram a fait une erreur en visant le Tchad", a déclaré le ministre de l'Information Hassan Sylla Bakari dans une intervention télévisée relayée par l'agence de presse Reuters. "Ces terroristes seront pourchassés et neutralisés où qu'ils soient." Bien que le groupe terroriste nigérian n'a pas, pour le moment, affirmé être à l'origine de cet attentat sanglant, plusieurs indices permettent de le désigner assez sûrement comme le coupable.
1. Le fief de Boko Haram est tout proche
Les combattants islamistes sont sur le reculoir au Nigeria à la suite de l'offensive militaire menée par une coalition régionale sur leurs positions. Mais Boko Haram contrôle toujours un large territoire dans le nord-est du Nigeria. Et N'Djamena ne se situe qu'à 50 kilomètres de l'état de Borno, où le groupe terroriste est le mieux implanté, et encore plus près de la frontière avec le Cameroun qui est actuellement très poreuse. Enfin, "de nombreux combattants de Boko Haram sont "qualifiés" pour le type d'attaque qui a secoué le Tchad, grâce à leur équipement, leur expérience et leur entraînement", analyse le Daily Maverick, un site d'informations sud-africain.
2. Un mode opératoire très particulier
Le mode opératoire des attaques de N'Djamena porte la signature du groupe terroriste: de multiples explosions qui visent des bâtiments gouvernementaux. Et comme souvent avec Boko Haram, les bombes ont visé plus particulièrement le siège local de la police et une académie d'entraînement pour de jeunes soldats. Autre indice concordant, les auteurs de ces attaques ont utilisé des motos pour se rendre sur les lieux des attentats, puis prendre la fuite.
3. Un acte de vengeance
C'est peut-être le point le plus significatif. Boko Haram rêve depuis des mois de rendre la monnaie de sa pièce au Tchad qui est sûrement l'Etat le plus fort au sein de la coalition régionale engagée dans la lutte contre le groupe terroriste. Les militaires tchadiens sont les plus nombreux à être déployés au Nigeria - excepté l'armée nigériane bien sûr - et dans la zone frontalière, avec un bataillon de 8.700 hommes. Ils sont aussi bien équipés et formés et ont une vaste expérience dans les combats face à des forces rebelles. Dans cette optique, N'Djamena est une cible de choix pour Boko Haram qui veut démontrer que le Tchad est lui aussi vulnérable.
"Je ne suis pas trop surpris puisque depuis notre engagement le 17 janvier 2015 aux côtés des pays qui sont menacés par les terroristes (Nigeria, Niger, Cameroun), j’ai continuellement dit au gouvernement de ne pas baisser la garde", a affirmé le président Idriss Déby dans un discours.