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Le gigantesque baby-boom africain est un énorme défi pour le continent
À l'horizon 2050, une naissance sur 10 dans le monde aura lieu au Nigeria. Et la Tanzanie comptera autant d'habitants que les Etats-Unis.
Comment un pays de 170 millions d'habitants dont le réseau d'électricité défaillant et largement secondé par des générateurs qui poussent à tous les coins de rue, peut-il accompagner un baby-boom qui s'annonce gigantesque? Si, pour la première fois depuis son indépendance le Nigeria a connu une transition politique démocratique, avec l'arrivée au pouvoir de Muhammad Buhari le 29 mai 2015, le pays est confronté à un nouveau défi de taille: son explosion démographique.
Trois récentes projections réalisées par le Fond des nations unies pour l'enfance (Unicef) dans le cadre du rapport "Generation 2030 in Africa", soulignent ce qui attend le Nigeria et plus largement l'Afrique dans les prochaine décennies. À la fin du siècle, le continent devrait être peuplé de quatre milliards d'êtres humains, contre un peu plus de 1,1 milliard aujourd'hui.
Pour revenir à l'exemple du Nigeria, sa population devrait atteindre 270 millions de personnes en 2030 - soit 100 millions de plus qu'aujourd'hui - et plus de 440 millions d'habitants en 2050! Des chiffres qui donnent le tournis. Et ce baby-boom façon puissance quatre, va déboucher sur un jeunisme de masse. En 2100, un Africain sur quatre aura moins de 18 ans.
Autant dire que sans des politiques gouvernementales appropriées et un développement rapide à l'échelle continentale, le futur s'annonce difficile pour ces baby-boomers. "Mais ces projections ne signifient pas que le sort de l'Afrique est coulé dans le béton. Au contraire, ces chiffres doivent guider les programmes politiques à mettre en place", écrivent de hauts responsables de l'Unicef dans une tribune publiée sur le Daily Mavericks, un site d'analyse sud-africain.
Urbanisation et éducation
Pour faire face à ce raz-de-marée, "les informations et les données sur les marchés africains doivent être considérablement améliorées", estime le Daily Mavericks. "Des chiffres erronés et des données incomplètes entraînent de mauvaises décisions de la part des politiques et des investisseurs." Un effort concerté de la part des différents acteurs politiques et économiques doit donc être mené sur ce terrain.
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L'autre priorité, selon l'Unicef, doit être l'éducation. Le formidable bond démographique africain doit être transformé en un atout pour le développement des pays concernés grâce à l'amélioration du système d'éducation africain qui doit fournir une main-d'oeuvre qualifiée au continent pour accélérer son développement et réduire les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. L'une des solutions pour améliorer le système éducatif est la technologie. De nombreuses applications sont déjà utilisées en Afrique pour faciliter l'accès distance à l'éducation et pour fournir des livres numériques aux enfants.
Autre problématique, l'urbanisation qui accélère l'exode rurale. En 2030, un Africain sur deux vivra en ville. Une situation potentiellement explosive. À titre d'exemple, le bidonville de Kabira à Nairobi au Kenya, le plus peuplé d'Afrique selon de nombreux études, est habité par 500 000 personnes sur un espace de 16 km2. Les villes africaines doivent être repensées très vite pour éviter que les inégalités économiques coupent des mégalopoles en deux, avec d'un côté les nantis et de l'autre les plus démunis. Cette croissance urbaine doit aussi être accompagnée d'une amélioration des réseaux de transports. "Les infrastructures sont un ingrédient clé dans le processus de développement des économiqes émergentes", explique The Daily Mavericks.
Lu sur The Daily Mavericks, Unicef