mis à jour le

Le retour d'exil de Mariam Sankara, un symbole fort pour le Burkina Faso
La veuve de l'ex-président burkinabé Thomas Sankara est revenue d'exil pour faire lumière sur l'assassinat présumé de son mari en 1987.
Pour son retour au Burkina Faso pour la première fois depuis le début de son exil en 1988 - excepté une parenthèse de 24 heures en 2007 pour les vingt ans de la mort de son mari -, Mariam Sankara a été accueillie comme une idole à l'aéroport de Ouagadougou, le 14 mai 2015, où des milliers de Burkinabés sont venus l'accueillir.
"J'ai vu une foule immense. Les gens criaient "Sankara! Sankara!" alors que beaucoup n'étaient mêmes pas nés quand mon mari est mort. Des jeunes qui n'avaient pas connu Blaise", raconte Mariam Sankara dans une interview accordée au quotidien français Libération mercredi 3 juin.
"Parler de Thomas Sankar était tabou"
Ce retour au pays de l'épouse de feu Thomas Sankara a été rendu possible grâce à l'insurrection populaire qui a conduit le 31 octobre 2014 au départ de Blaise Compaoré, qui dirigeait le Burkina d'une main de fer depuis la mort de son prédecesseur. "Quand je suis partie, parler de Thomas Sankara était tabou", se remémore Mariam Sankara. "Là, j'ai trouvé un pays conscient, libéré d'un régime dictatorial. Je me dis que son message est passé. L'insurrection a fait directement référence à la révolution de Sankara. Ces jeunes l'ont réhabilité, lui et son projet de société."
Quelques jours après son arrivée, l'ex-épouse de Thomas Sankara a d'ailleurs été auditionné par le juge d'instruction dans l'enquête sur la mort de son ex-mari. Une enquête qui avait été enterrée sous le régime de Blaise Compaoré où de nombreuses plaintes pour assassinat auprès des juridictions civiles avaient été classées sans suite. Les ossements de la tombe de Thomas Sankara ont également été exhumés pour savoir s'il s'agit vraiment des siens. Car les circonstances de sa mort et de douze de ses hommes, le 15 octobre 1987, n'ont jamais été élucidées. Les corps avaient été enterrés à la sauvette.
Aujourd'hui, une nouvelle ère s'ouvre au Burkina Faso, qui tente de renouer avec son histoire. "Les gens avaient peur de parler du président Sankara: tout était fait pour effacer son image. C'était une époque de répression, d'intimidation", conclut Mariam Sankara.
Lu sur Libération