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Selon les passeurs, la réduction des missions de sauvetage en Méditerranée ne résout rien
Plus de 1000 migrants sont décédés dans des naufrages de bateaux clandestins au large des côtes italiennes ces derniers jours.
Ces derniers jours des centaines de migrants sont décédés au large des côtes italiennes après deux naufrages d'embarcations qui ont fait respectivement plus de 400 et 700 morts, selon les estimations de la police italienne. Un chiffre "record" qui fait froid dans le dos. Pour stopper cette hécatombe, l'Union européenne a annoncé après le chavirage dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 avril d'un bateau qui transportait plus de 700 réfugiés et dont seuls 28 d'entre-eux ont été repêchés vivants, la tenue d'un sommet extraordinaire sur la question dans les prochains jours avec les ministres de l'Intérieur et des Affaires Etrangères des pays membres.
L'actuelle politique de l'UE en Méditerranée est dénoncée par plusieurs organisations internationales et humanitaires. "Il faut une opération Mare nostrum européenne", a ainsi réclamé le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L'opération italienne Mare nostrum de sauvetage des migrants a été remplacée cette année par Triton, une opération de surveillance des frontières beaucoup plus modeste.
La Libye au centre du problème
Selon des témoignages de passeurs, qui organisent le transfert de migrants africain dans des bateaux de fortune, la réduction des missions de sauvetages en Méditerranée n'a pas fait baisser l'afflux de réfugiés contrairement à ce qu'espéraient l'Italie et les pays membres de l'UE. "Nous ne forçons pas les gens à payer et à monter sur un bateau", confie à The Guardian, un passeur nommé Ahmed. Comme d'autres contrebandiers, il explique au quotidien britannique que la réduction des missions de sauvetage ne décourage pas des centaines d'Africains d'embarquer chaque jour clandestinement pour l'Europe et les côtes italiennes. "Beaucoup de gens veulent aller sur les bateaux, même s'il n'y a aucune opération de sauvetage", poursuit-il. "Le phénomène ne va pas s'arrêter. Les frontières du sud de la Libye (par où le plus de migrants entrent dans le pays) sont ouvertes, et il y a toujours un nombre croissant de réfugiés qui passent par là."
En 2014, les migrants Erythréens étaient les plus nombreux à prendre à la mer via comme passagers clandestins après les réfugiés syriens. Et Bayin Keflemekal, un Erythréen de 30 ans interrogé par le Guardian, affirme qu'en raison de la brutalité de la dictature dans son pays le nombre de candidats au départ est toujours plus élevé dans ce petit Etat de la Corne de l'Afrique. "Si l'Europe ne nous aide pas, si l'UNHCR ne nous aide pas, si personne ne nous aide, il n'y a qu'une option celle de partir avec les passeurs", ajoute Bayin Keflemekal.