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Maurice - Bronzette et spiritualité, les deux mamelles du tourisme?
Peut-être faudra-t-il désormais aller visiter l’île Maurice comme on va en pèlerinage dans quelque lieu saint. Selon le quotidien Le Mauricien, les autorités religieuses du pays viennent de faire une proposition pour le moins surprenante afin de relancer le secteur touristique, menacé par la crise financière mondiale. La Commission diocésaine du tourisme (CDT) envisage en effet un nouveau créneau: mettre en valeur le patrimoine spirituel et culturel de Maurice, en proposant aux touristes de visiter les principaux lieux de culte que comprend cette île de l’océan Indien.
Pour le père Philippe Goupille, le président de la CDT à l'origine de cette proposition, l'objectif est double. Il s'agit d'une part de trouver un filon novateur, et d'autre part de «moraliser» l’économie touristique et briser les clichés qui pèsent depuis longtemps sur le pays. Des clichés selon lesquels, l'île Maurice serait une grande destination du tourisme sexuel en Afrique.
Mais bronzette, farniente, soleil et plages de sable fin peuvent-ils vraiment faire bon ménage avec la spiritualité?
Les touristes —qui débarquent chaque année (en moyenne un million de visiteurs par an) à l’aéroport de Mahébourg, dans l’ouest de l’île, et se précipitent aussitôt dans les hôtels qui offrent un éventail de tout ce que l’Île Maurice peut compter de beautés (paysage, jeunes femmes ou jeunes hommes)— se laisseront-ils séduire par cette proposition?
Le père Goupille a baptisé le projet le Chemin de la Beauté, qui viserait à lutter contre toute forme de dévergondage et de luxure.
«Il s’agit d’aider les visiteurs à se ressourcer d’une manière authentique en puisant dans les trésors spirituels que l’histoire mauricienne met à notre disposition. Le pèlerinage spirituel, la visite en profondeur de certains lieux de prières permet le réveil de l’âme aux réalités de l’esprit. Christianisme, islam, hindouisme, bouddhisme, quel parcours privilégié et fascinant pour s’approcher du mystère de Dieu!», explique le père Goupille.
Quelques lieux de «pèlerinage» sont d’ores et déjà recensés. Par exemple, la tombe de l’«Apôtre de l’Île Maurice», le père Jacques-Désiré Laval, ou encore la mosquée al-Aqsa, fondée il y a deux siècles, sont toutes deux situées près de Port-Louis, la capitale mauricienne. Autres visites proposées, un temple tamoul de 157 ans, le lac sacré hindou de Grand-Bassin dans le centre du pays et un temple qui abrite une statue de Bouddha de plus de deux mètres de hauteur.
Reste à savoir si les touristes qui vont à Maurice d’abord pour se faire caresser par l’écume des vagues et les rayons de soleil, vont adhérer aux joies plus spirituelles défendues par les chefs religieux.
Lu sur Le Mauricien