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La traite négrière (mal) expliquée aux enfants

La diffusion d’un film sur la traite négrière dans une classe d’enfants de neuf ans a créé la polémique aux Etat-Unis.

Deux institutrices de Winnetka, une ville de la banlieue de Chicago, ont cru bien faire en projetant Le Passage du milieu, du réalisateur français Guy Deslauriers, rapporte le site américain Huffington Post. Mais cela n’a pas plu aux parents d’élèves, qui ont dès le lendemain alerté la direction de l’école.

C’est que le film ne prend pas de pincettes: il montre la violente réalité des Africains embarqués dans une traversée de l’Atlantique à haut risque, surnommé «le passage du milieu». Un voyage sans retour que des millions d’Africains ont subi dès le XVIe siècle, jusqu'à la fin du XIXe. De l’autre côté de l’océan, en Amérique, l'esclavage les attendait.

Pour prendre la mesure de la violence du film, voici la description qu’en donnait le site Afrik.com en 2011, deux ans après sa sortie:

«L’embarquement. Les fers. Les cales. Les rats. Le vomi. La fièvre. La bouillie. Les blessures. Les asticots. La révolte. Les coups de feu. Les blessures. Et le ballet quotidien des corps que les négriers envoient par le fond: une vingtaine en moyenne, par nuit. Les suicidés d’abord. Les malheureux emportés par la maladie ensuite. Enfin, les agonisants, les épuisés et même, les bien portants lorsque le vent faiblit et que la disette s’empare du navire.»

Voici un extrait (tous publics) du film:

Un journal local, WinnetkaTalk, relaie le mécontentement des parents. L’un d’eux, Patrick Livney, dont la fille a assisté à la projection, s’indigne:

«Les concepts d’enlèvement, de suicide et de dépression on été introduits dans la tête de ma fille.»

 Le site américain The Root (sur la culture afro-américaine) se range du côté des parents en expliquant qu’«il y a de multiples façons d’exprimer l’horreur de l’esclavage efficacement auprès des classes élémentaires, mais sans que cela ne provoque de cauchemars».

Ce n’est pas l’enseignement de l’histoire de l’esclavagisme qui est remis en cause, mais la manière dont il s’effectue. Pour que ce genre de situation ne se reproduise plus, la direction de cette école américaine a décidé que la diffusion de n'importe quel film en classe devait désormais obtenir l’approbation préalable du corps enseignant.

L’enseignement de l’histoire de la traite négrière semble être un sujet difficile, car sensible. L’année dernière par exemple, l’Unesco lançait une consultation internationale sur la manière la plus appropriée d’en parler aux enfants.

Lu sur Huffington Post