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RDC - La pire attaque contre des travailleurs humanitaires

Dévouer sa vie à tenter de ramener la paix dans son pays. Changer de métier pour parcourir le Sud Kivu à transmettre le goût du savoir aux enfants. C’était leur mission, ils en sont morts.

Le 4 octobre 2011, sept membres de l’ONG congolaise Eben Ezer Ministry International (EMI) ont été massacrés dans une embuscade à Minembwe, une ville située dans la région des Hauts Plateaux du Sud Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Leur seul tort? Appartenir à la tribu des Banyamulenge, un groupe ethnique d’origine rwandaise, cible du groupe rebelle des Maï Maï Yakutumba, un mouvement politico-militaire créé en 2007 par des dissidents de l’armée congolaise.

Parmi les quatorze passagers qui se rendaient d’Uvira vers Minembwe, trois ont été blessées, quatre enlevés et sept tués. Les sept victimes appartenaient au groupe ethnique des Banyamulenge.

Selon le journal congolais Prospéritéle colonel Delphin Kahimbi, commandant de l’opération militaire «Amani Leo» au Sud Kivu —le programme de stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armés—, aurait fait remarquer que le groupe armé Maï-Maï Yakutumba avait eu le temps «de vérifier et de connaitre les personnes avant de les tuer lâchement à coups de machettes et de balles».

Tous étaient des enseignants bénévoles. Ils étaient venus former des professeurs d’écoles primaires des Hauts Plateaux du Sud Kivu. Certains avaient abandonné leur métier d’origine pour permettre aux enfants d’accéder à l’enseignement à travers ce programme d’éducation. Ils étaient partis pour une tournée d’un mois dans la région. Leur but: réconcilier les populations par les livres. «L’éducation est la meilleure arme pour changer le monde » disait Nelson Mandela. Une belle initiative donc, mise à mal par le groupe des Maï Maï Yakutumba.

ONG créée en 1997, Eben Ezer travaillait en lien avec l’ONG britannique Children in Crisis.

Pour Sarah Rowse, directrice des programmes de Children in Crisis, «il ne faut pas laisser ce tragique événement être un simple épisode de plus dans la terrible histoire de la RDC, mais un élément qui nous unissent tous avec la dignité et le courage nécessaire pour apporter la paix et la réconciliation dans cette région.»

Actif sur le territoire Fizi, au sud du Sud Kivu, les Maï Maï Yakutumba ont pour mot d’ordre «le Congo au Congolais!» et terrorisent les populations rwandaises réfugiées en RDC après le génocide de 1994.

Selon le Bureau des Nations unies chargé de la Coordination des Affaires Humanitaires (The UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs, OCHA) vingt-cinq incidents à l’encontre d’humanitaires ont été répertoriés au Nord Kivu depuis le mois d’août, quinze au Sud Kivu, cent quarante en tout cette année.

Cette attaque est considérée comme la plus meurtrière contre des humanitaires dans le pays.

Lu sur Radiookapi, The Guardian