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Le massacre du 17 octobre 1961 à Paris en images
La bataille du 17 octobre 1961 à Paris a ses témoins et sa mémoire. Le photographe Henri Georges travaillait alors pour le Libération de l’époque et a vu ce qu’il s’est passé en automne 1961. LeMonde.fr publie ses photographies, agrémentées des commentaires de l'historien Gilles Manceron. Cette année, dès le 20 mai s’étaient pourtant ouvertes à Evian les négociations pour l'autodétermination de l'Algérie et l’arrêt des opérations offensives. L’indépendance était en route. Comment expliquer cette guerre acharnée du préfet de police de Paris de l’époque, Maurice Papon, à l’encontre des sympathisants du Front de Libération Nationale (FLN) algérien?
A Paris s’est jouée une bataille qui coûta la vie à de centaines d’Algériens. Un demi-siècle plus tard, les images surgissent des tiroirs d’un photographe français et viennent nourrir l’histoire et la mémoire de cet événement parisien de la guerre d’Algérie. La bataille de Paris fut une vraie guerre contre les émigrés algériens. Au soir du 17 octobre, des milliers d’Algériens manifestent sans armes, sans mots d’ordre ni banderoles. En descendant dans la rue, les manifestants ont conscience d’enfreindre le couvre-feu instauré par Maurice Papon. Sauf que personne n’imaginait que la répression allait être si violente. Bilan officiel, trois morts.Le JT de l'ORTF de l'époque ne mentionne pas les morts.
Les historiens qui se sont penchés sur le 17 octobre parlent de 200 morts pendant la soirée et les jours suivants. Tout l’automne a été dur pour les Algériens. Les intimidations et arrestations ont duré plusieurs mois. Certains évoquent un bilan de 300 morts.
Les photographies interpellent car en plein Paris, sous le regard de passants curieux, un homme âgé algérien gît au sol. La dernière photographie illustre le rapport de force inégal entre la police et les jeunes Algériens assis et entassés le long d’un mur. Aux visages des Algériens apeurés, blessés et ensanglantés, s’opposent les bâtons, les menottes et le dispositif répressif du préfet.
«Pour un coup, nous en rendrons dix», avait dit Maurice Papon.
Les brigades de police dépêchées massivement ce soir-là ont appliqué cette consigne à la lettre, au regard du nombre de victimes, blessées ou tuées. Appuyées par ceux qui désapprouvaient le choix du général De Gaulle dans les négociations en cours avec l'Algérie, le préfet de police Maurice Papon aurait donné une sorte de permis de tuer le soir du 17 octobre 1961 à Paris.
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