SlateAfrique

mis à jour le

Les Egyptiens racontent leur «Bloody Sunday»

De nombreux témoins ayant survécu au «samedi sanglant» à Maspero, le bâtiment de la télévision publique au Caire, ont souhaité répondre au Conseil suprême des forces armées (CSFA). L'organe qui dirige la transition égyptienne nie avoir utilisé les armes à feu contre les manifestants coptes et musulmans.

Pour leur part, les survivants accusent l’armée et la police d’avoir tiré sur les manifestants ce samedi 9 octobre et d’avoir cherché à les écraser avec les véhicules blindés de l’armée.

Le 13 octobre s’est donc tenue une grande conférence de presse, au cours de laquelle de nombreux Egyptiens sont venus raconter ce qu’ils ont vu ce soir-là devant le bâtiment de la télévision publique, à quelques encablures de la place Tahrir, l’épicentre de la révolution qui a conduit à la chute d’Hosni Moubarak le 11 février dernier.

La marche organisée le 9 octobre dans la capitale égyptienne du quartier de Shubra jusqu’à Maspero a viré en affrontements violents entre les manifestants et l’armée. Le bilan est lourd: 24 morts et au moins 329 blessés. La conference de presse, organisée au siège du journal de Tahrir, avait vocation à rassembler les premiers témoignages de ce «Bloody Sunday». Cette expression renvoie forcément à la mort d’une vingtaine de manifestants en Irlande du Nord, tués le 30 janvier 1972 par l’armée britannique.

Les jeunes partis et les groupes nés de la révolution égyptienne ont été à l’origine de cet évènement, comme celui de la coalition des jeunes de la révolution ou le parti de l’alliance populaire socialiste. Les activistes l'ont préparé en moins de 24 heures afin de réagir à la conférence de presse donnée le 12 octobre par le Conseil militaire pour donner leur version des faits du samedi 9 octobre.

La première à s’exprimer et à contredire la version de l'armée fut Magda Adly, à la tête du Centre de réhabilitation pour les victimes de torture. Elle révèle les résultats des premières autopsies. Six, des huit corps qu’elle a reçus ont été écrasés par de lourds véhicules. Les deux autres ont reçu un nombre ahurissant de coups de feu. Magda espère seulement que le rapport d’autopsie qui a été écrit devant ses yeux, n’aura pas changé à la fin de la journée lorsqu’il sera soumis au procureur général.

Tony Sabry a perdu un ami copte durant cette nuit. Tony raconte qu’il a vu un corps être jeté dans le Nil par des soldats. Il a aussi vu son ami copte se faire tuer.«Il a reçu une balle devant et  derrière», confie Tony. Hossam Haddad qui travaille sur la chaîne du 25 janvier, créée au lendemain de la révolution égyptienne, raconte l’intrusion de l’armée dans les locaux de la chaîne, qui retransmettait en direct les affrontements à Maspero. Les soldats étaient A peine entrés, les soldats ont menacé avec leurs armes l’une des présentatrices du direct. Ils ordonnèrent l’arrêt immédiat du direct.

Lu sur Al-Ahram Online

A lire aussi

L'armée égyptienne a t-elle trahi la révolution?

Moubarak est mort, vive Moubarak?